Retour aux affaires pour Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République est visé par une nouvelle information judiciaire, ouverte en décembre par le parquet de Paris pour «abus de biens sociaux». En cause : trois vols en jet privé payés par son ami Stéphane Courbit, via sa holding Lov Group. Etrange téléscopage, alors que l'homme d'affaires comparaît ces jours-ci à Bordeaux (lire page 26) pour «abus de faiblesse» dans l'affaire Bettencourt, un dossier dans lequel Sarkozy avait été lui-même mis en examen avant de bénéficier d'un non lieu.
Tout commence incidemment le 19 mars 2013, sur le tarmac de l’aéroport international de Punta Cana, dans le sud de la République dominicaine. Cette nuit-là, la police locale intercepte un Falcon 50 qui s’apprête à décoller pour l’Hexagone. A son bord, deux pilote et deux passagers, tous français. Mais surtout 682 kilos de cocaïne d’une valeur marchande de 20 millions d’euros. L’avion a été affrété par la SNTHS, une société de transports aériens basée dans le sud de la France. Baptisée «Air Cocaïne», l’affaire est d’abord instruite à Marseille avant d’être partiellement dépaysée à Paris.
En décortiquant les factures de la SNTHS, les enquêteurs découvrent que trois vols ont été financés par Lov Group pour environ 330 000 euros, entre décembre 2012 et février 2013. Le bénéficiaire de ces trajets grand luxe au départ du Bourget : Nicolas Sarkozy. En trois mois, l’ex-président a donc profité des largesses de Stéphane Courbit pour se rendre à Doha (Qatar), aux Etats-Unis et à Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Une générosité qui pourrait constituer un délit d’abus de biens sociaux si les vols en question n’avaient aucun lien avec l’objet de Lov Group. Une hypothèse que s’est empressé de démentir Stéphane Corbit.
S'il a payé lui-même les trajets de Sarkozy, c'est parce qu'il avait un projet de fonds d'investissement avec l'ex-président. De fait, lors d'une perquisition au siège de Lov Group, les policiers ont saisi des documents confirmant l'existence d'un tel projet, baptisé «Columbia». Lors de son séjour express à Doha, Sarkozy a même obtenu un engagement de 200 millions d'euros de la part de ses amis qataris (lire Libération du 9 septembre 2014). Mais le projet a finalement dû être abandonné quand Courbit a été mis en examen dans l'affaire Bettencourt.