La scène se déroule station Richelieu-Drouot, mardi soir, quelques minutes avant le coup d'envoi d'un 8e de finale aller de Ligue des champions. Métro bondé, et à l'arrêt «pour régulation», comme souvent sur la ligne 9 avant un match au parc. Hier soir, le PSG recevait le club londonien de Chelsea. Ses supporters ont pris d'assaut toutes les places disponibles, et se dirigent vers la porte de Saint-Cloud pour assister à «leur» match nul (1-1, score final). Un homme tente de se frayer un passage, dans l'espoir de trouver un strapontin où s'asseoir entre les beaufs beuglant en anglais leur amour pour le ballon rond. Mais il est violemment éjecté, avant même d'avoir passé les portes. Une fois, puis deux. Son tort ? Être noir.
«We're racist, we're racist and that's the way we like it» («Nous sommes racistes, nous sommes racistes, et on aime ça») entonnent les fans des «Blues», visiblement fiers d'eux. Ils reprennent : «Et on aime ça.» Paul Nolan, un Britannique vivant à Paris, a tout filmé avec son téléphone portable. Il raconte au Guardian : «Les portes [du métro, ndlr] étaient ouvertes, et l'on pouvait entendre des chants de supporters s'en échapper. Ils avaient l'air plutôt agressifs. L'homme n'a visiblement pas compris tout de suite à qui il avait affaire. Après avoir été poussé, il a tenté à nouveau de monter dans le wagon, mais on l'en a empêché une seconde fois. Ensuite, l'un des supporters a parlé d'agresser quelqu'un. Peut-être faisait-il référence à un supporter du Paris Saint-Germain qui patientait sur le quai.»
Gueule de bois, mercredi matin, à Chelsea. Le club anglais découvre sur le site du quotidien britannique le comportement des racistes de la veille, et condamne l'incident. «Un tel comportement est odieux et n'a pas sa place dans le football ou dans notre société», réagit-il dans un communiqué. «Nous allons soutenir toute action pénale contre les personnes impliquées et s'il devait y avoir des preuves de l'implication de détenteurs d'abonnements pour la saison ou de membres du club, le club prendrait les mesures les plus fortes possibles contre eux, y compris des mesures d'interdiction.»
Sur les dernières images de la vidéo filmée par Paul Nolan, les visages des supporters dans le wagon sont clairement identifiables. En France, le parquet de Paris a dores et déjà ouvert une enquête pour «violences volontaires en raison de la race dans un moyen de transport collectif». Les investigations ont été confiées au Service transversal d’agglomération des événements (STADE), un service de la préfecture de police de Paris spécialisé dans les débordements lors d’événements sportifs.