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Libération
EDITORIAL

«Do it yourself»

publié le 22 février 2015 à 19h46

«Faut-il enseigner les langages de programmation à nos enfants ?» est un des derniers avatars de la guerre des religions scolaires. Cette question divise le camp de ceux qui estiment qu'on ne fait pas assez pour former les élèves et les profs aux défis de la révolution numérique. Théoriquement, il y a d'un côté les utilitaristes - pour qui les professeurs doivent former dès la maternelle aux métiers de demain - et de l'autre les humanistes - qui estiment qu'il vaut mieux apprendre à apprendre. Pour les premiers, il faut enseigner le code comme une langue vivante dès le plus jeune âge ; pour les seconds, il faut utiliser et décrypter les enjeux du numérique et ses outils à l'intérieur même des cours. Les deux solutions ont des avantages, mais se heurtent à des contraintes : classes et emplois du temps surchargés, disparités sociales, manque de matériel et de personnels formés, règlements intérieurs hypercontrôlés antinomiques avec la liberté que permet Internet… Le tsunami numérique nous impose pourtant d'aller plus vite. Pour y parvenir, il faut révolutionner les façons d'apprendre. En intégrant quel que soit le cours les usages nés du Web (le travail collaboratif avec ses pairs, l'entraide, la recherche d'informations, le jeu vidéo, le hacking), l'interaction avec le professeur change du tout au tout : il est celui qui valide et guide plus qu'il ne fait la leçon, celui qui encourage la curiosité et la bidouille. C'est la révolution du «Do it yourself» des pionniers du Net adaptée à une école qui donnera envie d'apprendre, d'imaginer. Ainsi naîtront peut-être des futurs programmeurs, carburants de notre future vie algorithmée, mais aussi et surtout se formeront des citoyens capables de comprendre un monde bourré de codes. Voilà qui serait une véritable révolution démocratique.