Ya-t-il eu des «violences policières» et des «injures homophobes» samedi dernier, à Nantes, après la manifestation «contre les violences policières» ? C'est en tout cas ce qu'affirme Thomas P., un homosexuel de 25 ans. Cet éducateur nantais a porté plainte en ce sens lundi, après avoir subi un contrôle d'identité devant le commissariat de quartier du cours Olivier-de-Clisson. Une quinzaine de policiers étaient alors postés devant le bâtiment, fermé depuis un an suite aux dégradations commises en marge d'une précédente manifestation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Une protection qui n'a pas empêché certains manifestants, samedi dernier, de jeter à nouveau de la peinture rose sur sa façade.
En soi, le contrôle d'identité n'avait rien d'anormal, explique Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la sécurité publique. Le manifestant étant «tout de noir vêtu» et avait «un masque de ski à la main». Comme beaucoup de casseurs ce jour-là. Mais c'est après que le contrôle aurait dégénéré, à en croire Thomas P. Le jeune homme portait en effet une pancarte «Les pédales contre le capital» : il est membre de QueerFarnaüM, un petit collectif de «trans, pédés, gouines et bi», qui se revendique «féministe et non-violent».
«Ils m'ont d'abord demandé si je faisais partie des manifestants qui ont jeté de la peinture rose sur le commissariat, puis m'ont ordonné de donner des noms, raconte le jeune homosexuel. L'un d'eux m'a alors pris d'autorité mon sac à dos, et l'a vidé sur le sol.» Une «brochure de prévention sur la santé sexuelle des gays» s'étale alors sous les yeux des policiers. «L'un d'eux a dit en rigolant à ses collègues "C'est un peu osé comme littérature", puis a ajouté "C'est dégueulasse", poursuit Thomas P. Après lui avoir dit que je me rendais chez mon compagnon, il m'a demandé, droit dans les yeux : "Vous allez vous reproduire ? C'est dégueulasse !" Pendant ce temps, je voyais ses collègues sourire, un peu narquois.»
Le jeune homme affirme aussi, qu'au même moment, alors qu'il était agenouillé pour ramasser ses affaires, un autre policier lui donnait «des coups dans les chevilles». «J'ai cru que j'allais y passer… C'est la première fois que je me fais lyncher de façon aussi crasse», soupire Thomas P., qui n'avait «jamais eu affaire à la police». «Au final, mon compagnon a réussi à me calmer, tant bien que mal : pendant vingt minutes, j'avais du mal à respirer, je ne faisais que de pleurer.»
Le jeune homosexuel nantais cherche à présent à retrouver des photos des policiers, «avec leurs matricules». «Je saurai les reconnaître», est-il convaincu. «Mais, à l'heure actuelle, c'est un peu ma parole contre la leur.» Du côté de la hiérarchie policière, on fait aussi preuve d'une extrême prudence, à l'égard de ces «propos dont on ne peut pas dire qu'ils lui sont adressés».