Education, logement, économie, le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis espère enfin des décisions.
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Qu’attendez-vous de ce comité interministériel sur l’égalité et la citoyenneté lancé après les attentats ? Est-il à la hauteur du constat «d’apartheid»?
Le président de la République et le gouvernement ont parlé de choc de simplification pour relancer l’activité économique. J’attends et j’ai besoin aujourd’hui un choc d’égalité pour les quartiers populaires.
Mais pensez-vous que l’on puisse créer ce «choc» sans dégager de moyens ?
Il faut donner plus à ceux qui ont moins et moins à ceux qui ont plus. Actuellement, et contrairement à ce que l’on entend souvent, on consacre moins à ces quartiers qu’aux autres. Un élève de Seine-Saint-Denis dispose de moins d’enseignants, moins de moyens, qu’un élève parisien. La réforme de la carte scolaire lancée par Najat Vallaud-Belkacem est un bon début pour rééquilibrer les choses.
Les annonces du gouvernement concernent principalement la question du logement. Est-ce la clef pour lutter contre les inégalités aujourd’hui ?
C’est la clef durablement et à long terme. Il faut que dans l’équilibre des villes, en particulier en Ile-de-France, cette question soit essentielle. A condition qu’il y ait des actes qui suivent. Il va falloir qu’il y ait des consignes très claires données aux préfets. L’application stricte de la loi SRU est indispensable. Mais il y a d’autres pistes comme la possibilité de préempter et de revendre des terrains pour construire du logement social. Il faut que l’Etat sorte d’un certain nombre d’injonctions paradoxales. Lorsque l’Etat vend un terrain par exemple, il ne peut pas vouloir à la fois renflouer ses caisses et construire du logement abordable. Car, il ne faut pas se raconter d’histoire, le principal problème du logement, c’est qu’on n’en construit pas assez. On dénonce souvent les ghettos de pauvres. Moi, je dénonce les ghettos de riches et cette tentation à cultiver l’entre-soi.
Que pensez-vous de la volonté de rendre plus transparente et plus centralisée l’attribution des logements sociaux ?
Tout ce qui peut aller vers plus transparence est une bonne chose. Mais j’insiste, le fond du problème, c’est la pénurie de logements. Pénurie qui entretient la cherté. Il faut construire plus, mieux et plus vite. Car, aujourd’hui, c’est toute la chaîne du logement qui est bloqué. Je crois que la cinquième puissance mondiale devrait quand même être capable, comme elle l’a fait après guerre, de mobiliser pour régler ce problème.
Qu’attendez-vous de l’agence de développement territoriale également annoncée ?
Quand il y a de la croissance, les quartiers populaires sont les derniers à en bénéficier. Quand il y a de la récession, ils sont les premiers touchés. Il faut absolument requalifier économiquement ces quartiers pour les rendre attractifs. Je proposerai d’ailleurs que cette agence soit située en Seine-Saint-Denis.