Au ministère de l'Intérieur, on s'alarmait jeudi après-midi d'une situation «critique» à la veille de la décision du conseil général du Tarn, qui doit se prononcer sur les deux alternatives plus modestes au projet de barrage contesté à Sivens, mis sur la table par le ministère de l'Ecologie. Beauvau a demandé au préfet d'interdire les rassemblements des pro et des anti, prévus vendredi à Albi.
Alors que la tension autour de la zone à défendre (ZAD) est remontée d'un cran cette semaine et que des affrontements ont eu lieu jeudi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé «solennellement à l'apaisement et à la responsabilité de chacun». Et évoqué «le décès tragique» de Rémi Fraisse, jeune écologiste opposé au barrage et tué lors d'affrontements par une grenade lancée par les gendarmes : «Rien ne saurait justifier de nouveaux déferlements de violence susceptibles de conduire à de nouveaux drames.» Xavier Beulin, président de la FNSEA, le syndicat majoritaire des agriculteurs, avait, lui, invité ses troupes, qui ont multiplié les actions antizadistes, «au calme et à la responsabilité». Son inquiétude : les appels à la mobilisation des antibarrage, qui faisaient craindre «le pire», c'est-à-dire «des rassemblements massifs» et des «confrontations».
Depuis lundi, la FNSEA et ses fédérations départementales ont mis en place un blocus à proximité de la ZAD, filtrant les routes départementales et privant les zadistes de tout ravitaillement. Mercredi, quelque 200 gendarmes ont dû intervenir pour éviter des affrontements, alors que des dizaines d'agriculteurs avaient pénétré violemment dans la ZAD, où sont présents une quarantaine de militants anti-barrage. Même scénario jeudi à proximité du conseil général, où des affrontements ont de nouveau éclaté. Les agriculteurs locaux, majoritairement favorables au projet de barrage initial (qui a été abandonné), voulaient déloger les «zadistes» en s'appuyant sur les arrêtés d'expulsion. Mais Xavier Beulin les a appelés à «faire confiance aux institutions». Au moins jusqu'à vendredi. Le Premier ministre, Manuel Valls, a déjà prévenu : «L'ordre républicain doit s'imposer .[…] Il faudra très vite évacuer les lieux.»