La ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, présente ce mercredi sa réforme du collège, prévue pour la rentrée 2016. Un premier train de mesures, avant la présentation des nouveaux programmes qui devrait intervenir dans quelques semaines.
La deuxième langue vivante dès la cinquième
Aujourd'hui, l'enseignement de la deuxième langue étrangère n'est obligatoire qu'à partir de la quatrième. Seuls les élèves des classes bilangues commencent l'apprentissage en sixième. En généralisant la deuxième langue en cinquième, le ministère supprimerait du même coup les classes bilangues, souvent détournées pour avoir des classes de niveaux, chères aux parents mais désastreuses en termes de mixité sociale. «La deuxième langue en cinquième, oui, pourquoi pas. Mais si c'est pour s'en tenir à une petite heure, cela ne sert à rien, les expérimentations l'ont montré», pointe Jean-Rémi Girard du Snalc, syndicat classé à droite. Pour l'instant, rien n'est tranché. «Cela fait partie des dosages qui restent à faire, répond-on au cabinet de la ministre. Mais en aucun cas, cette réforme ne se traduira par un emploi du temps plus chargé pour les élèves.» Traduction : cet enseignement se fera au détriment d'un autre.
Un accompagnement personnalisé
La ministre en fait un point fort de sa réforme, même si en réalité, ça existe déjà. Aujourd'hui, les petits sixièmes ont deux heures de soutien par semaine. L'idée serait de passer à trois heures et de systématiser un accompagnement par petits groupes, selon les difficultés des élèves. Pour les autres (5e, 4e, 3e), le soutien sera d'une heure «garantie».
Des enseignements interdisciplinaires
Le ministère veut encourager une pratique déjà existante : faire des ponts entre les disciplines, «décloisonner» et tenter de nouvelles méthodes, comme la classe à plusieurs profs (lire ci-contre). Les enseignants ne se saisiraient pas suffisamment de la liberté pédagogique, assure le ministère, qui veut par conséquent leur imposer un «cadre». A la rentrée 2016, ces nouvelles façons d'enseigner devront représenter au moins 20% du temps scolaire au lieu de 7% aujourd'hui, selon le ministère. Christian Chevalier, de l'Unsa, applaudit des deux mains : «C'est un message politique fort. La ministre dit : "Enseignants, allez-y, lâchez-vous."»
Favoriser les classes en petits groupes
Les profs vont être heureux : ils plébiscitent le fonctionnement en demi-classe. Est-ce que cette mesure dépassera l’effet d’annonce ? L’application risque de buter sur la contrainte budgétaire. La réforme, toutes mesures comprises, se traduira par l’équivalent de 4 000 profs à temps complet, décomptés des 60 000 créations de postes promises par le Président.
Et, en vrac…
La ministre veut une pause déjeuner d'au moins une heure trente mais aussi plus de moments solennels : des commémorations, des remises de diplômes… Et son dada : «mieux associer les parents» avec, gadget du jour, «un livret unique et digital».