Mi-février, avant le coup d'envoi du 8e de finale aller de Ligue des champions opposant Chelsea au Paris Saint-Germain au Parc des Princes, un Franco-Mauritanien prénommé Souleymane avait été empêché d'entrer dans le métro parisien par des supporteurs anglais beuglant «we're racist». La scène avait été filmée par un Anglais présent lui-aussi à la station Richelieu-Drouot et publiée ensuite par le site du Guardian.
Alors qu'on apprenait ce matin que Souleymane a refusé l'invitation du club anglais à aller voir Chelsea-PSG ce soir outre-Manche −déclarant pour l'occasion à RTL «je ne me vois pas m'asseoir dans ce stade à côté des gens qui m'ont poussé»−, le Guardian a publié une tribune signée par l'auteur de la vidéo montrant l'incident.
Dans ce texte intitulé «J'ai filmé la vidéo des racistes de Chelsea à Paris, et ça me rend triste», Paul Nonan revient sur le lien étroit qui unit sa famille d'immigrés irlandais et le ballon rond. A ses yeux, lorsque ses parents ont émigré à Londres, le foot était l'une des choses permettant l'assimilation. Son paternel était ainsi devenu fan du club londonien de Fulham, et Nonan écrit : «Pour mon père, c'était un moyen de trouver sa place dans sa société d'adoption. Ça lui a ouvert des portes et permis de se sentir chez lui, et c'est quelque chose que l'on doit célébrer. » On se permettra ici de pointer que même si les relations entre Irlandais et Anglais n'ont pas toujours été cordiales, surtout autour d'un stade, la couleur de peau de son père avait sans doute facilité les choses, mais cela n'enlève rien à la pertinence du message.
Nonan poursuit : «La vidéo que j'ai filmée à Paris montre le football sous un jour très différent. On y voit du racisme flagrant et comment un groupe d'idiots pense s'en tirer. Les autres vidéos publiées depuis dans les gares ou trains anglais montrent qu'on ne parle pas ici d'une poignée d'anglais ivres à l'étranger, mais d'un comportement bien plus enraciné. Quand je pense aux aspects positifs qu'a eus le foot dans la vie de mon père – et dans celle d'innombrables immigrés par ici− cela me rend triste.»
Après un mea culpa sur son inaction durant l'incident parisien, l'auteur conclut sa tribune sur un vœu (pieu?) : «Le jeu devrait être quelque chose qui nous unit, pas quelque chose qui nous divise.» Le comportement des supporteurs, de Chelsea comme du PSG, sera à n'en pas douter scruté par les autorités anglaises et les médias ce soir aux alentours du stade de Stamford Bridge.