Cela a été écrit, dit et claironné, mais revenons-y, puisque la photo ci-contre nous y invite. Ce week-end a eu lieu la marée du siècle. Soit un mouvement marin d’un ampleur inédite, ou du moins rare, qui offre le ballet d’éléments sacrément décomplexés, et de paysages qui le sont tout autant. Or c’est un effroyable mensonge. Le prochain mouvement démesuré de l’élément liquide salé s’invitera le 3 mars 2033. Cela étant, l’événement a été d’importance, découvrant des estrans (territoires sous-marins) inédits. Et, partant, ces rochers d’envergure (comme dans la baie du Mont-Saint-Michel et des îles Chausey qui fourmillent de mille cailloux insoupçonnés) ont régalé les gourmands, qui les pêcheurs à pied de roches jusqu’ici préservées de la civilisation, qui les marcheurs avides de terres nouvelles.

Car, n’en déplaise aux fâcheux clamant le recul du pays, le plus beau spectacle européen a été joué sur les côtes nord-françaises. Ainsi, à Saint-Malo, sur le fameux «Sillon», soit cette promenade pavée qui longe une plage sablonneuse de quelques kilomètres au pied de la ville corsaire, les joueurs ont eu tout loisir d’échanger avec le flux et le reflux des vagues qui ont pour habitude de jouer avec les visiteurs les plus aventureux.

Malheureusement, l’événement a aussi sa face sombre. Ainsi, en Gironde, un pêcheur à pied de 70 ans s’est noyé à marée basse, emporté par le courant sur une plage. Et, au large de l’Ile-Grande, dans les Côtes-d’Armor, le corps sans vie d’un pêcheur d’ormeaux a été retrouvé par un hélicoptère de la sécurité civile. Au total, 15 personnes ont dû être secourues en Bretagne dans l’après-midi de samedi.

Le marnage - la distance entre la basse et la haute-mer - mondial maximal s’est produit dans la baie de Fundy, au Canada, où il a atteint jusqu’à 16 mètres. Le phénomène a été également très marqué sur la côte est de la Terre de feu, ainsi que sur la côte nord de l’Australie et au Royaume-Uni, dans le canal de Bristol (plus de 14 mètres). Prochain rendez-vous le 3 mars 2033.