Elle ignorait sans doute, ce jour de février où elle a suivi un ancien camarade de classe dans cet appartement situé dans le centre de Verdun, qu’elle tombait dans un piège.
Le logement était occupé par un couple de femmes chez lesquelles elle dit avoir subi des viols et des violences pendant un mois. L'information, révélée samedi soir par l'Est républicain, a été confirmée par le procureur de la République de Verdun, Camille Miansoni. Le parquet de Nancy évoque des actes de torture et de barbarie et atteste de la véracité des déclarations de la jeune femme, qui sont prises très au sérieux par les enquêteurs.
Le quotidien régional raconte que cette dernière a été «séquestrée, privée de douche», contrainte de dormir par terre et de se nourrir de croquettes pour chats pendant plusieurs semaines. Elle est également violée à plusieurs reprises «par des amis du couple de femmes». Elle reçoit des coups, se fait brûler le corps avec des cigarettes ou des lames de couteaux préalablement chauffées. Certaines scènes de rapports sexuels contraints ont été filmées, rapporte également le journal.
Foyer. Un stade supplémentaire est franchi lorsque, samedi 14 mars, les bourreaux de la jeune femme la conduisent au bord de la Meuse, au déversoir, à hauteur du quartier d'Anthouard-Pré l'Evêque, où réside également un des complices. Ils la forcent à plonger dans l'eau glacée tout habillée. Ensuite, ils la conduisent dans l'appartement dudit complice et lui font monter les escaliers de l'immeuble totalement nue. Un de ses agresseurs la menace : «Tu finiras en morceaux dans un bois.»
Vulnérable et vraisemblablement isolée, la jeune femme, dont on sait peu de chose, vivait dans une famille d'accueil meusienne depuis ses 5 ans. Elle était seule à Verdun. Apprentie dans un restaurant de la ville, elle logeait dans un foyer de jeunes travailleurs et était suivie par une éducatrice des services sociaux. C'est un rendez-vous avec cette travailleuse sociale, mardi, qui a permis de mettre un terme au cauchemar. Trouvant une jeune femme «les cheveux rasés» et le «visage tuméfié», «déformé par les coups et les blessures», elle l'a immédiatement fait conduire aux urgences du centre hospitalier de Verdun. Quels étaient les rapports entre la victime et ses bourreaux ? Connaissait-elle le couple de femmes chez lequel elle a été séquestrée ou seulement cet «ami» croisé par hasard en février ?
Mobile. Difficile de faire la lumière sur cette affaire à propos de laquelle les interlocuteurs sont assez peu loquaces. Quant au mobile, celui de l'argent a été avancé. C'est en prétextant devoir récupérer sa carte bancaire auprès de son éducatrice que la jeune femme serait parvenue à se tirer d'affaire.
Samedi matin, six personnes ont été interpellées et placées en garde à vue au commissariat de Verdun. Trois hommes et trois femmes, dont le couple chez qui les faits se seraient déroulés, tous originaires de la Meuse et âgés de 19 à 27 ans. Le procureur de la République de Verdun s’est dessaisi de l’enquête, qui a été confiée au service régional de police judiciaire (SRPJ) de Nancy.
Dimanche matin, les agresseurs présumés étaient présentés devant le procureur de la République de Nancy. Dimanche soir, ils devaient être présentés devant la juge des détentions et des libertésen vue d’ un éventuel placement en détention provisoire et d’une possible mise en examen.