A quel heure s'est crashé l'Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings ? Selon nos informations, l'alerte prétendument donnée par l'avion à 10h47, évoquée par le ministre des Transports Alain Vidalies, a en réalité été délivrée par le contrôle au sol, et non pas à 10h47 mais à 10h30. Il s'agit d'une alerte «Detresfa» déclenchée automatiquement par le contrôle au sol après 4 ou 5 appels restés sans réponse. Le crash aurait eu lieu 5 à 6 minutes plus tard, vers 10h36. «Le dernier message de l'avion, c'était pour signaler leur présence, rien de spécial à signaler», explique une source à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Deux sites indépendants de suivi du trafic aérien, Flightradar24.com et Flightaware.com, dont les données peuvent être décalées d'une trentaine de secondes avec le temps réel, donnent un autre horaire. A 10h31, les deux relèvent que l'avion commence à perdre de l'altitude à hauteur de Saint-Cyr-sur-Mer (Var), et descend à 11 574 mètres d'altitude. A 10h38, selon Flightaware, il n'est plus qu'à 3 474 mètres. C'est là que le site perd son signal. «Notre tracking peut s'être arrêté avant que le crash ne se produise. C'est juste l'heure à laquelle nous avons reçu les dernières données de ce vol», nous précise par courriel Andrew Taylor, de Flightaware.
Le site Flightradar24 continue à enregistrer sa position pendant encore quelques minutes. A 10h41, l'avion n'est plus qu'à 2 070 mètres et fait face à la tête du massif de l'Estrop, le lieu du crash. C'est sa dernière position connue. La compagnie aérienne, elle, donne encore un autre horaire, et plus tardif. Selon un responsable de la compagnie Germanwings, Thomas Winkelmann, la chute de l'avion «a duré dans l'ensemble huit minutes» et le contact avec l'appareil «a été perdu à 10h53 à une hauteur de 6 000 pieds [3 474 mètres, ndlr].»
Alors, qui de la compagnie aérienne ou des sites a raison ? Une source gouvernementale a confirmé à Libération que ce sont les sites qui avaient les bonnes données : la dernière position de l'avion a été enregistrée à 10h41, et le crash s'est produit dans la foulée. L'Airbus ne volait alors plus qu'à 2 000 mètres d'altitude. Peu après 10h30, l'armée de l'air, alertée par l'aviation civile, a fait décoller un Mirage 2 000 de la base d'Orange pour aller au contact de l'Airbus. Mais, volant trop haut, il n'a pu le repérer. Puis un hélicoptère de la gendarmerie a découvert les débris.