On se souvient du crash du Constellation reliant Paris à New York en 1949, aux Açores : celui-ci comptait notamment à bord le boxeur Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu (la catastrophe, qui a fait 48 victimes, a fait en septembre 2014 l'objet d'un roman). Plus récent est celui du vol Air France effectuant la liaison Rio-Paris, en 2009, dont on a appris récemment le déroulé précis des derniers instants. Si ces vols étaient effectués par une compagnie française, ils ne se sont pas écrasés sur le territoire français. Rappel de cinq décennies de crashs aériens en France.

Le 3 juin 1962, le vol Air France 007 à destination de Houston, au Texas, et transportant à son bord 122 passagers et 10 membres d'équipage, s'écrase au décollage. Il n'y aura que deux survivants. La nouvelle fait grand bruit aux Etats-Unis (Andy Warhol consacre même une œuvre à l'accident). Le drame entraînera par ailleurs des remous au sein du mouvement pour les droits civiques : si Martin Luther King et le chanteur et militant Harry Belafonte décident, par solidarité avec les victimes, d'annuler un sit-in à Atlanta, en Georgie, en hommage aux victimes originaires de cette ville, Malcom X provoque de son côté une polémique en se réjouissant publiquement de la nouvelle lors d'un meeting à Los Angeles : «Je voudrais annoncer une très belle chose qui est arrivée… […] Dieu m'a envoyé un télégramme aujourd'hui… Eh bien, quelqu'un est venu exaucer nos prières en France. Il a fait tomber un avion du ciel avec plus de 120 Blancs dedans […]. Grâce à Dieu, Yahvé, ou Allah, nous allons poursuivre nos prières et espérer qu'un autre avion tombe du ciel.» 

Le 11 septembre 1968, le vol 1611 Air France en provenance d'Ajaccio et à destination de Nice s'abîme en mer. Le crash de cette Caravelle SE-210 fait 95 victimes, et aucun survivant. Selon l'enquête, un incendie déclenché à l'arrière de la cabine aurait causé l'accident. Cependant, en 2011, un ancien secrétaire militaire, Michel Laty, affirme publiquement qu'un missile désarmé, tiré depuis l'île du Levant, était à l'origine du drame. Sa version des faits, qui fit grand bruit, fut contestée par un autre témoin. Peu de temps après ces révélations, l'ex-secrétaire militaire, qui était gravement malade, mourut.

Le 3 mars 1974, le vol Turkish Airlines 981 à destination de Londres s'écrase en forêt d'Ermenonville, près de Senlis (Oise). Les 346 passagers et membres d'équipage meurent dans l'accident : cela reste à ce jour le crash le plus meurtrier s'étant déroulé sur le sol français. L'avion, rapporte l'enquête, s'est littéralement désintégré lors de l'accident, dû à une mauvaise conception de l'appareil, une perte de contrôle et finalement une collision avec le sol.

Le 1^er décembre 1981, le vol 1308 de la compagnie yougoslave Inex-Adria Aviopromet s'écrase contre le mont San-Pietro, en Corse : les 180 occupants de l'avion sont tués. Le rapport du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la Sécurité de l'Aviation civile, remis en 1983, met en cause, entre autres facteurs, l'attitude du personnel navigant au moment de l'incident. Il est noté qu'une certaine distraction régnait à bord de l'appareil : le rapport indique qu'un enfant se trouvait notamment «sur le siège observateur du poste de pilotage», facteur, selon l'enquête, «de dispersion de l'attention».

Le 20 janvier 1992, à 19h20, un Airbus A320 d'Air Inter s'écrase non loin du mont Saint-Odile, en Alsace, à 30 kilomètres de Strasbourg. 87 passagers et membres d'équipage périssent. Neuf occupants de l'avion survivent à la catastrophe. Pourquoi les secours ont-ils mis quatre heures à secourir les blessés ? C'est l'une des questions qui agitera les parties civiles lors du procès, en 2006, où un contrôleur aérien et cinq anciens cadres d'Airbus, d'Air Inter et de la direction générale de l'aviation civile (DGAC) comparaissaient pour «homicides et blessures involontaires». Il faut dire que six victimes ne sont décédées qu'après l'impact, dont deux pendant leur transport. Le procès s'est soldé par la relaxe des prévenus.

Le 25 juillet 2000, le Concorde opérant le vol 4590 d'Air France s'écrase sur un hôtel à Gonesse, dans le Val-d'Oise. Nous sommes exactement une minute et vingt-huit secondes après le décollage de l'aéroport de Roissy. La catastrophe fait 113 victimes : les 100 passagers et les 9 membres d'équipage, ainsi que 4 personnes se trouvant dans l'hôtel. Selon l'enquête, c'est une lamelle métallique perdue au sol par un avion de la compagnie Continental Airlines qui aurait provoqué l'éclatement d'un pneu, et l'accident. Un témoin de la scène se remémore, dans un article de la Dépêche du Midi, avoir lancé un stupéfait : «J'ai vu le Concorde, il est tombé.» Ce à quoi on lui a répondu : «C'est pas possible, le Concorde ne tombe pas !» Cet accident tragique a été fatal pour le supersonique franco-britannique, lancé en 1967 sous le mandat de Charles de Gaulle. En janvier 2001, le pilote d'essai André Turcat plaidait dans Libération pour que son «bébé» revole. Ce ne sera le cas qu'au mois de septembre suivant, mais le Concorde sera finalement retiré de la commercialisation en avril 2003. La série de procès qui s'ensuivit, au pénal comme au civil, a rempli les annales judiciaires pendant de longues années. Quelle fut la responsabilité de Continental Airlines dans l'accident ? Le 29 novembre 2012, la cour d'appel de Versailles a en tout cas relaxé en appel et au pénal la compagnie américaine, ainsi que trois autres prévenus.