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Libération
Reportage

«J’ai vu les débris, étalés sur au moins 500 mètres»

Entre Digne et Barcelonnette, 300 gendarmes et autant de pompiers ont été dépêchés sur les lieux du crash. La neige et la pluie compliquent leurs recherches.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mardi à Seyne-les-Alpes après le crash. (Photo Olivier Monge. Myop)
par Stéphanie Harounyan, Envoyée spéciale dans les Alpes-de-Haute- Provence
publié le 24 mars 2015 à 20h16

Depuis la route principale de la petite commune du Vernet, on aperçoit au loin un rocher en forme de nez. C'est sur l'autre versant, au lieu-dit le Travers, dans les montagnes entre Digne et Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence, que l'A320 de Germanwings s'est écrasé en fin de matinée. Le Vernet n'est qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau du lieu du crash. Pourtant, Jean-Marie Michel, premier adjoint au maire de ce village d'un peu plus d'une centaine d'habitants, n'a rien entendu. «En revanche, j'ai vu la fumée, raconte-t-il. Ça nous a inquiétés, mais on ne savait pas ce que c'était. Il a fallu attendre les gendarmes pour comprendre ce qu'il s'était passé.»

En ce début d'après-midi, avec d'autres habitants du secteur équipés de 4×4, l'adjoint a déjà fait plusieurs voyages pour amener les premiers secours au plus près des lieux de l'accident. «L'avion a tapé assez bas, entre 1 200 et 1 300 mètres d'altitude, assure-t-il. En montant, j'ai vu les débris. Il y en avait au moins sur 500 mètres. Ils ne sont pas plus gros qu'une roue de voiture, ça m'étonnerait qu'il y ait des survivants.»

Buissons. La neige qui persiste et la pluie qui recommence à tomber rendent encore plus difficile le travail des sauveteurs, qui doivent en plus cheminer dans une zone complexe : à partir du col de Mariaud, où la voiture les lâche, il faut compter encore quarante minutes de marche, sur un chemin envahi par les buissons. «Les conditions sont vraiment pénibles, commente Jean-Jacques, lui aussi adjoint dans la commune. Avec le dégel, le sol est trempé. Et au bout d'un moment, il n'y a plus de chemin.»

Les gendarmes de haute montagne ont été les premiers à atteindre le site de la catastrophe. Au total, 350 sapeurs-pompiers des Alpes-de-Haute-Provence et 300 gendarmes ont été mobilisés. Des renforts ont également été dépêchés depuis les départements limitrophes. Des hélicoptères font aussi des allers et venues entre la zone du crash et le PC opérationnel, installé à la sortie de la commune voisine de Seyne-les-Alpes.

C'est là que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a atterri vers 15 h 30 pour faire le point sur la situation aux côtés de l'ambassadrice d'Allemagne. «Un dispositif exceptionnel a été mobilisé pour faciliter le déroulement de l'enquête et pour porter secours aux victimes, même si la violence du choc laisse peu d'espoir», a-t-il souligné.

Légistes. Pour accueillir les familles des victimes, une salle de recueillement a été mise en place par la préfecture dans la Maison des jeunes de Seyne-les-Alpes, tout près du PC opérationnel. La préfecture du département a également mis en place un dispositif d'accueil et d'hébergement pour les familles des 150 victimes qui souhaiteraient rejoindre les lieux.

En début de soirée, Cazeneuve annonçait que la zone du crash avait été sécurisée alors que les premiers enquêteurs de la police judiciaire et les médecins légistes sont attendus mercredi matin sur place. Une boîte noire, retrouvée en fin de journée, a été transférée mardi soir aux enquêteurs du BEA (Bureau enquête analyses) et devrait livrer les premières informations dans les heures qui viennent. Sans donner plus de précisions le ministre a appelé à «rester prudents» sur les circonstances du drame. Un peu plus tard, plusieurs ministres espagnols et allemands sont arrivés à Seyne-les-Alples ainsi que la ministre de l'Ecologie et des Transports, Ségolène Royal. Elle a indiqué que François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy viendront sur place mercredi.