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Libération

Pédophilie : le directeur d’école écroué

Mis en examen, l’homme avait déjà été condamné pour recel de photos pédophiles.
Devant l’école du Mas de la Raz, à Villefontaine, mardi. (Photo AFP)
par Maïté Darnault, Correspondante à Grenoble
publié le 25 mars 2015 à 20h06

«Une personne assez abattue.» C'est la description que fait Me Charapoff, avocate commise d'office, de l'instituteur de CP et directeur de l'école du Mas de la Raz, à Villefontaine, mis en examen mercredi pour viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineurs de 15 ans et acquisition d'images à caractère pédophile.

«Sordide». L'homme, interrogé durant quarante-huit heures, «a mis du temps à avouer», a indiqué l'avocate à Libération. Confronté aux témoignages «glaçants» des enfants, il a fini par craquer. Puis il y a eu «un soulagement d'avoir pu dire la vérité. Il y a aussi eu des excuses formulées à l'attention des victimes», relate Me Charapoff. Suite à ses aveux, ce père de famille de 45 ans a été écroué à Grenoble. «C'est une affaire sordide. Il importe de protéger les victimes, très jeunes», a indiqué le procureur Jean-Yves Coquillat, à qui l'homme a dit «regretter» ses actes.

Une perquisition menée à son domicile lundi avait permis de trouver un film et des photos pédophiles. Déjà condamné en 2008 à six mois de prison avec sursis pour recel d’images de ce type, l’instituteur encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle. Vendredi dernier, deux plaintes avaient été déposées par les familles de deux fillettes de 6 ans. L’une d’elles a dit avoir été forcée de pratiquer une fellation à cinq ou six reprises, l’autre a relaté une seule agression. Mardi, ces plaintes ont été suivies de celles des parents de sept autres enfants. Parmi ces derniers : sept filles et deux garçons.

Mais des témoignages de parents laissent entendre que les 28 enfants de la classe pourraient être concernés. Ils sont actuellement entendus par la brigade de protection des mineurs. Durant sa garde à vue, l'homme a qualifié la détention d'images pédophiles d'«addiction qui n'avait pas cessé depuis plusieurs années», selon une source judiciaire. Il a aussi «admis avoir photographié [ses] élèves» à l'aide du matériel vidéo de l'école.

Partie civile. Suite à sa précédente condamnation, l'instituteur avait été soumis à une obligation de soins et une mise à l'épreuve, terminée «sans incident», selon le procureur. Ces antécédents ne figuraient pas sur le dossier professionnel de l'homme. La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, a ordonné mardi une enquête administrative. «Il faudra en tirer des conclusions», a estimé mercredi Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.

Raymond Feyssaguet, maire de Villefontaine, a lui déclaré vouloir se constituer partie civile à l’encontre de l’enseignant et de l’Education nationale. Il s’est par ailleurs engagé à prendre en charge les frais de justice et de suivi psychologique des familles.