Le procureur de la République de Marseille a tenu une conférence de presse ce jeudi midi, donnant les dernières informations sur l’enquête, quarante-huit heures après le crash de l’A320. Principaux extraits.
[ Crash A320: Le copilote, allemand, s'appelait... ]
«Il est sorti probablement pour satisfaire un besoin naturel»
«Nous n’avons toujours pas retrouvé la deuxième boîte noire.» La première boîte noire retrouvée «a parlé, puisque nous avons la retranscription des vingt dernières minutes.»
«Pendant les vingt première minutes, les deux pilotes échangent normalement. [...] On entend le commandant de bord demander au copilote de prendre les commandes, et on entend à la fois le bruit d’un siège qui recule et le bruit d’une porte qui se ferme. Il est sorti probablement pour satisfaire un besoin naturel», poursuit le procureur de la République de Marseille..
«A ce moment-là, le copilote est seul aux commandes. C’est alors qu’il manipule les boutons pour actionner la descente de l’appareil. L’action sur ce sélectionneur d’altitude ne peut être que volontaire.»
«L’avion était en pilotage automatique» jusqu’à ce que le copilote amorce volontairement la descente, précisera plus tard le procureur.
On entend alors le commandant de bord demander l’accès à la cabine de pilotage. […] Il s’est identifié, mais aucune réponse de la part du copilote. Il a tapé à la porte, mais n’a eu aucune réponse. On entend à ce moment-là un bruit de respiration dans la cabine, nous l’entendrons jusqu’à l’impact final.»
«On entend ensuite les contacts de l’aéroport de Marseille, mais aucune réponse du copilote. Les contrôleurs demandent alors de lancer un signal de détresse, mais il n’y a eu aucune réponse. La tour de contrôle a même demandé un relais radio aux autres avions mais toujours aucune réponse.»
«Les cris n’interviennent qu’au tout dernier moment»
«Les alarmes pour signifier à l’équipage la proximité du sol se sont déclenchées. C’est à ce moment-là qu’on entend des coups pour défoncer la porte [blindée].» Le procureur précise que, vraisemblablement, «les victimes ne se sont rendu compte qu’au tout dernier moment. Dans la bande, les cris n’interviennent qu’au tout dernier moment, juste avant l’impact».
«Juste avant l’impact final, on entend ce qui peut être le bruit d’un premier impact sur un talus. L’avion a glissé sur un talus avant de percuter la montagne. Aucun signal de détresse n’a été reçu.»
«L’interprétation à ce jour, je dis bien à ce jour, il est 12h30, nous sommes juste 48 heures après le crash. Je prends cette précaution, c’est important. L’interprétation la plus plausible donc, selon les enquêteurs, est que le copilote, par une abstention volontaire, a refusé d’ouvrir la porte de la cabine de pilotage au commandant de bord et a actionné le bouton commandant la perte d’altitude. Il a donc actionné ce bouton pour une raison que nous ignorons totalement mais qui peut s’analyser comme une volonté de détruire cet avion.»
Le procureur indique alors que les autorités allemandes vont enquêter sur «l'environnement personnel, familial et professionnel» du copilote. A une question d'un journaliste sur la possibilité d'un malaise, le procureur a répondu: «A priori, il respirait normalement [selon les enregistrements, ndlr]. Ce n'était pas une respiration haletante mais humaine, classique.»
Enfin, le procureur a aussi rappelé qu’il avait ouvert au départ une enquête pour homicide involontaire, et qu’elle restait ouverte pour l’instant pour ce motif mais qu’au vu des nouveaux éléments de l’enquête, elle pourrait évoluer en «enquête pour homicide volontaire».