En tant que maison mère de Germanwings, c'est Lufthansa qui assumera la responsabilité juridique et financière de la catastrophe. «Si le scénario du "suicide" du pilote se confirmait, Germanwings devra en assumer les conséquences, explique Wolf Müller-Rostin, un ex-conseiller juridique de Lufthansa. Une compagnie aérienne est responsable du comportement de ses pilotes. Même lorsque le but de la manœuvre était de se suicider en amenant 149 personnes avec soi dans la mort.»
«Cette tragédie touche le groupe au cœur», estime le quotidien Bild Zeitung, qui se demande «à quel point le drame peut mettre en danger ce fleuron national».
Lufthansa était déjà affaiblie avant la catastrophe. Le groupe est confronté depuis des années à des difficultés liées à ses coûts trop élevés et à la chute de son bénéfice. Carsten Spohr, patron de Lufthansa, tente depuis des mois de s'attaquer au généreux régime de retraite des pilotes. Le groupe avait achevé 2014 dans le rouge, avec 730 millions de pertes. Dirk Schlamp, analyste de DZ Bank, redoute«une détérioration à long terme de l'image de l'entreprise», qui remettrait en cause les chances de succès du plan de restructuration prévu pour l'automne, avec notamment le développement d'Eurowings, la filiale low-cost spécialisée sur les longs courriers du groupe.
Comme toute compagnie allemande, Lufthansa est tenue d’être assurée pour son appareil comme pour ses passagers. L’accord international de Montréal fixe à un maximum de 143 000 euros le montant des indemnités que toute compagnie aura à verser aux proches d’un passager décédé, quelle que soit la cause de la chute d’un avion et ce à moins que le défunt n’ait possédé une assurance-vie. Dans ce cas, seule cette assurance intervient. L’idée est que les familles, déjà suffisamment affectées, ne soient pas confrontées à des difficultés financières, notamment lorsqu’il y a des enfants à charge. En cas de responsabilité de la compagnie - qui semble avérée pour l’Airbus de la Germanwings -, le transporteur doit aussi verser des dommages et intérêts et les retraites dont le montant sera cette fois fixé par la justice. Il varie considérablement selon le degré de parenté.
Les parents des seize lycéens décédés dans la catastrophe, par exemple, n’ont pas droit à une retraite, à la différence des conjoints veufs. La procédure d’indemnisation peut durer plusieurs années, comme dans le cas de l’avion d’Air France disparu en 2009 dans l’Atlantique entre Rio et Paris. Le patron de Lufthansa a toutefois promis une aide non bureaucratique et rapide aux personnes dans le besoin. Mais la compagnie ne supportera qu’une partie des indemnités à verser. Le principal assureur de Germanwings est un autre fleuron allemand, Allianz. Il était déjà le principal assureur d’Air Asia qui a perdu un appareil fin 2014, ainsi que des deux avions de la Malaysia Airlines qui se sont crashés l’an passé.