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Libération
Récit

«Lubitz a cherché à dissimuler son état de santé à son employeur»

Les enquêteurs allemands ont retrouvé chez le copilote de l'A320 qui s'est écrasé dans les Alpes des documents médicaux, dont un arrêt maladie pour le jour du crash.
Perquisitions policières à Düsseldorf, où vivait Andres Lubitz, jeudi. (Photo Maja Hitij. AFP)
publié le 27 mars 2015 à 14h18

Andreas Lubitz était bien malade. Le procureur de Düsseldorf chargé de l'enquête côté allemand a révélé en fin de matinée que le copilote de l'A320 aurait dû rester chez lui le jour de la catastrophe. «Nous avons retrouvé plusieurs documents médicaux, dont un arrêt maladie pour le jour des faits», affirme le parquet dans un communiqué, sans donner plus de détails sur la «maladie» du jeune homme. «Ces documents permettent d'affirmer qu'il a cherché à dissimuler son état de santé à son employeur et à son environnement professionnel.» Chez lui, on a retrouvé des documents «attestant d'une maladie existante et de traitements médicaux adaptés».

Les enquêteurs n'ont par contre pas retrouvé de lettre d'adieu qui pourrait accréditer la thèse de la préméditation. Jeudi, le patron de Lufthansa avait annoncé que le jeune pilote avait interrompu pour quelques mois sa formation de pilote en 2008, sans plus de détails. Selon le quotidien Tagesspiegel, Andreas Lubitz était traité pour dépression à l'hôpital universitaire de Düsseldorf.

La police allemande avait procédé jeudi à deux perquisitions au domicile d’Andreas Lubitz à Düsseldorf, ainsi que dans la maison de ses parents à Montabaur, en Rhénanie-Palatinat. Ils avaient emporté des cartons, de grands sacs en plastique bleu et un ordinateur.

Débat sur le contrôle psychologique des pilotes

En Allemagne, le débat monte sur le renforcement des mesures de sécurité à bord des avions. Plusieurs spécialistes de l'aviation réclament un contrôle psychologique régulier des pilotes. Mais une telle mesure suscite la réticence de la DFV, la société allemande des pilotes. «Il n'existe aucun moyen de détecter des situations psychologiques d'urgence, estime le vice-président de la fédération Uwe Beiderwellen. Un pilote qui vient de passer ses examens peut être quitté par sa femme quatre semaines plus tard ou perdre ses parents, développer des réactions incontrôlées, sans que les tests ne laissent rien présager.» Les compagnies aériennes misent plutôt sur l'obligation faite à tout membre de l'équipage de rapporter à l'employeur tout comportement suspect de la part de collègues tels qu'alcoolisme ou tendances dépressives. «C'est une pratique courante et qui donne de bons résultats», insiste un observateur.

Le débat porte également sur la nécessité d’avoir en permanence deux membres de l’équipage dans le cockpit. Le ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt, s’est prononcé en faveur de cette mesure adoptée avec effet immédiat par les compagnies Air Berlin comme d’autres compagnies européennes. En cas d’absence du pilote ou du copilote, un autre membre de l’équipage devra se trouver également dans le cockpit. La BDL, la fédération allemande de l’aéronautique, a recommandé à toutes ses compagnies d’appliquer la mesure avec effet immédiat.