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Libération
Synthèse

«Ouvre cette foutue porte», a crié le commandant de l'Airbus

Le journal allemand «Bild» publie des extraits des enregistrements de la boîte noire.
Des enquêteurs lors d'une perquisition au domicile du copilote Andreas Lubitz le 26 mars 2015 à Dusseldorf (Photo Federico Gambarini. AFP)
publié le 29 mars 2015 à 9h53

«Ouvre cette foutue porte!», a hurlé le commandant de l'Airbus A320 de Germanwings à son copilote qui précipitait l'appareil vers le sol alors que les passagers criaient, quelques minutes avant la catastrophe. Ces éléments, issus de la boîte noire qui enregistrait les sons à l'intérieur du cockpit, ont été dévoilés par l'édition dominicale du quotidien allemand Bild.

Le procureur de la République de Marseille (sud-est de la France) avait expliqué jeudi que cet enregistrement montrait que le copilote, Andreas Lubitz, avait verrouillé la porte du cockpit après la sortie momentanée du commandant de bord, avant de déclencher la descente de l’avion vers le sol. Mais il n’avait pas détaillé la teneur des échanges entre les deux hommes.

Selon Bild, les 20 premières minutes du vol sont l'occasion d'échanges banals entre le pilote et son copilote. Patrick S. explique notamment à Andreas Lubitz qu'il n'a pas eu le temps d'aller aux toilettes au départ, à Barcelone. A 10h27, le pilote demande à Lubitz de préparer l'atterrissage à Düsseldorf (ouest de l'Allemagne). Ce dernier prononce quelques mots: «J'espère», «On verra». Le pilote sort pour aller aux toilettes, l'appareil commence à descendre.

Quelques minutes plus tard, on entend un «claquement fort», comme si quelqu'un essayait de rentrer dans le cockpit, écrit Bild. Puis la voix du pilote: «Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte.» En arrière-fond, les passagers commencent à crier, note le journal. Des informations qui contredisent les propos tenus dans la semaine par le procureur de Marseille qui avait suggéré que les passagers n'avaient pas réalisé que l'avion allait se crasher.

Le pilote essaie manifestement d'ouvrir la porte à la hache. Puis crie: «Ouvre cette foutue porte !» Vers 10h40, l'Airbus touche une montagne, on entend les cris des passagers. Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement, écrit Bild.

Dans le sud-est de la France, les recherches, qui avaient repris samedi matin à Seyne-les-Alpes, à une dizaine de kilomètres de la zone du crash, ont été suspendues en fin d'après-midi, a indiqué un porte-parole de la gendarmerie, selon lequel la deuxième boîte noire est restée introuvable. Quatre gendarmes devaient passer la nuit sur le site afin de «sécuriser la zone», a-t-il dit.

Plus tôt, à une quarantaine de kilomètres au sud, une cérémonie religieuse a rassemblé 500 personnes à la cathédrale de Digne-les-Bains. Devant l’autel, 150 bougies avaient été allumées, en hommage aux victimes.

Des encarts de condoléances de Germanwings et de sa maison-mère Lufthansa ont été publiés samedi dans plusieurs journaux européens. Les deux compagnies ont par ailleurs appelé les médias «à ne pas contacter de façon active les familles et amis» des victimes, qui «souhaitent ne pas être dérangés» et veulent se recueillir «en privé», rappelant que leurs services de presse étaient disponibles «24h sur 24».