Une jeune femme s’est immolée par le feu dans sa cellule, dimanche à la maison d’arrêt de Corbas (Rhône). Laurent Segondy, délégué FO pénitentiaire dans la région, réagit à ce geste.
L’immolation par le feu est-il un geste rare en prison?
On voit rarement ça. Généralement, les suicides ou tentatives de suicides se font par pendaison. Parfois des détenus mettent le feu à leurs cellules, mais il s’agit plus d’un appel à l’aide que d’une véritable intention de mettre fin à ses jours. Dans le cas présent, hélas, la volonté de s’immoler ne fait pas de doute. Sans lettre, ni trace qui expliqueraient ce geste, ses raisons sont trop personnelles, trop particulières pour que l’on puisse avancer une hypothèse.
Comment une immolation est-elle possible en milieu carcéral ?
Les détenus n’ont pas accès à des produits inflammables, essence ou autre. Cependant ils ont le droit de posséder des produits ménagers. En faisant un «cocktail», il est possible d’aboutir à une substance inflammable. Ensuite, il suffit d’une allumette ou d’un briquet...
La détenue décédée souffrait semble-t-il de troubles psychiatriques, quel est le dispositif de suivi dans de pareils cas ?
Le secret médical reste valable en prison. Si les médecins estiment cependant que l’administration pénitentiaire doit être avertie de l’état de santé d’une personne, ils procèdent à un signalement et nous adaptons le suivi. Les passages dans la cellule sont plus fréquents, les rondes sont modifiées, les surveillants plus vigilants.
Le suicide en prison touche-t-il davantage les hommes que les femmes ?
Il n’y a pas de profil type du détenu susceptible de commettre un tel acte.
Les conditions de détention sont-elles spécialement dures à la maison d’arrêt de Corbas ? Quelles sont les spécificités d’un quartier féminin dans une prison ?
Non, c'est une prison récente [inaugurée en 2009, ndlr], dont l'entretien des infrastructures est confié au secteur privé. Après, comme toutes les prisons de la région lyonnaise et de France, il y a un problème de surpopulation. La capacité d'accueil de Corbas est de 690 places, aujourd'hui nous sommes à 800. Il n'y a pas de différence entre l'incarcération des hommes et des femmes, hormis les quartiers séparés et la surveillance, exercée exclusivement par des femmes.