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Libération
Reportage

L'Hermione, «chef d’œuvre collectif» salué par Obama et Hollande

François Hollande a évoqué «le panache» de la France dans un discours, tandis qu'une lettre signée Barack Obama, saluant l'allié français, a été lue à Fouras, en Charente-Maritime.
Le président François Hollande et la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal quittent, le 18 avril 2015 la réplique du navire "Hermione" avant son départ pour les Etats-Unis (Photo XAVIER LEOTY. AFP)
publié le 18 avril 2015 à 18h23

15h30, François Hollande arrive à Fouras après sa visite de l’Hermione. Il ne pleut pas, n’en déplaise à ceux qui disaient ce matin que la pluie suivait souvent le chef de l’État dans ses déplacements. Accompagné de Ségolène Royal, du président de la région Poitou-Charentes, Jean-François Macaire, de Dominique Bussereau, président du conseil général de la Charente-Maritime, et des maires de Rochefort, La Rochelle et Fouras, il remonte lentement la rue qui l’emmène jusqu’à la scène. Il dit un mot gentil de-ci, de-là, se laisse prendre en photo. Les badauds sont ravis.

«Il m'a serré la main !», «c'est bon, je l'ai en photo !». A son passage, une femme, tout de même, lui dit le fond de sa pensée : «Quand est-ce que vous augmentez nos retraites ? Baissez les impôts !», lance-t-elle, pour le principe. Un vieux monsieur à casquette crie «Ségolène, présidente», au passage de la ministre de l'Ecologie. La rue longe l'esplanade où ont lieu les festivités. Du côté opposé de la place, une foule observe de loin. En s'approchant, ils risqueraient de perdre leur place sur le front de mer, gagnée au prix de plusieurs heures d'attente. Entre François Hollande et l'Hermione, ils ont choisi. Le convoi des «officiels» rejoint enfin les abords de la scène.

Sur les gradins réservés aux écoliers participant au spectacle, des adolescentes gloussent à l'approche du président. Elles applaudissent à son passage, visiblement impressionnées. En fond sonore, c'est la BO de Pirates des Caraïbes, jouée par une fanfare. Peu après, au pupitre, Ségolène Royal, ex-présidente de la région, s'enflamme pour le «projet citoyen, culturel et artistique» du navire. Elle remet ensuite la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen à deux membres de l'équipage bénévole. Puis vient la lecture d'un courrier de Barack Obama par le consul des Etats-Unis, Thomas Wolf. Une lettre reçue la veille, en réponse à une missive du maire (UMP) de Rochefort, Hervé Blanché. Le président américain y évoque deux peuples «unis par la liberté dont ils sont mutuellement redevables», et lie «les champs de bataille de la guerre d'indépendance» et les «plages du débarquement». «Notre partenariat avec la France en fait le plus ancien allié de notre nation», écrit-il encore. Enfin, il souhaite «bon vent et mer calme» à l'équipage. Dans le public, une jeune femme estime qu'un discours d'Obama pour l'Hermione, «c'est quand même la classe».

François Hollande prend place au micro. «Vous avez été nombreux à vouloir vivre cette journée historique qui marquera les esprits en France et aux Etats-Unis», dit-il, saluant un «chef d'œuvre collectif» qui «porte le message de la volonté, et de la liberté». «S'il y avait encore des sceptiques, des cyniques, des aveugles, qui prétendaient qu'il était vain de rêver, cette belle journée était la meilleure réponse que la France pouvait leur apporter», déclare-t-il. Le chef de l'État rend également hommage à Jean-Louis Frot, l'ancien maire de Rochefort et l'un des principaux initiateurs du projet. Il est présent, et largement applaudi lorsque François Hollande prononce son nom. Si la ville de Rochefort a beaucoup donné pour le projet, ce n'est pas le cas de l'État. Le président s'en excuse en disant sur le ton de la boutade que sa «présence» aujourd'hui «compense»

Tandis qu'il termine son discours (prononcé plus tard que prévu) avec l'idée d'un «panache» de la France, les spectateurs s'éloignent. Ils délaissent la scène et celui qui s'y trouve pour se rapprocher de la véritable star de la journée, l'Hermione, qui se rapproche à l'horizon, suivie par de petits bateaux de plaisance. Dans la foule, une jeune femme s'attendait à mieux : «ça aurait été plus joli avec les voiles déployées. Peut-être qu'ils les mettront au retour». Au milieu des photographes amateurs qui suivent le trajet du bateau à travers l'écran de leur appareil, Arthur, 14 ans, et son frère jouent aux cartes. Leur mère pense qu'ils ne sont «pas forcément conscients de l'événement qu'ils vivent, avec l'Hermione et avec les personnalités nationales qui sont venues». Ils ont quand même vu passer le «beau» bateau. Plus loin, une retraitée se demande «où elle est, la Nao Victoria», caravelle symbole de Magellan. Un navire qui rejoindra Rochefort dès demain, et que les habitants pourront admirer jusqu'à l'été.

Déjà, l’Hermione s’engouffre dans l’estuaire de la Charente, qu’elle remonte jusqu’à Soubise avant de revenir, en fin d’après-midi. Si le vent le permet, un spectacle pyrotechnique aura ensuite lieu avant le départ de la frégate de La Fayette en direction de sa première escale, les Canaries.