Bonne nouvelle pour les étudiants salariés et les apprentis. Après plusieurs jours de tergiversations et de paroles contradictoires entre ministères, l’exécutif a tranché : ils pourront bénéficier de la prime d’activité (fusion du RSA-activité et de la prime pour l’emploi). C’est Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, qui l’a annoncé, après la présentation du projet de loi sur le dialogue social en Conseil des ministres. Et ce, alors même que le texte porté par le ministre du Travail ne prévoit pas son ouverture aux actifs en formation initiale ou en apprentissage. Un amendement gouvernemental devra donc le corriger.
Le débat n'est pas nouveau. Lors de la présentation de la prime, le 3 mars, le Premier ministre avait évoqué une «réflexion sur la définition des jeunes actifs éligibles». Avant de glisser que «certains sujets rest[ai]ent ouverts à la discussion». Mais déjà, le ministère du Travail se montrait réservé. «Tous les étudiants salariés ne sont pas modestes. Ne vaut-il pas mieux concentrer les moyens sur les bourses ?» interrogeait un membre du cabinet renvoyant la question au Parlement. C'était sans compter l'intervention du président de la République, dimanche, sur Canal +, en faveur d'une extension à «toutes les personnes qui sont dans les petits boulots». Dès lors, le ministère du Travail avait beau faire de la résistance, c'était plié. «Le président de la République a souhaité que ce dispositif puisse bénéficier aux jeunes qui travaillent quel que soit leur statut», résume Touraine. Mais seuls ceux qui gagnent au moins 0,8 Smic pourront en bénéficier. Pas suffisant pour treize associations (la Fnars, le collectif Alerte, etc.) qui demandent, dans une lettre à François Hollande, «un accès plein et entier [des jeunes actifs] à la prime d'activité» sans condition de revenu. Elles dénoncent un mécanisme «discriminatoire [qui] va créer une inégalité de traitement». Premiers touchés : les étudiants salariés qui percevaient la prime pour l'emploi et se retrouvent exclus de la prime d'activité.
Si l'équation politique est soldée, une autre reste à traiter : le financement. Bercy a déjà annoncé que l'extension ne serait «pas une dépense supplémentaire» du budget initial de 4 milliards d'euros. Quant à Marisol Touraine, elle estime qu'elle «ne doit pas se traduire par une réduction significative de la prime versée aux autres actifs». De quoi nourrir encore quelques débats. Un dirigeant de la majorité s'agace : «A enveloppe constante, des gens vont forcément sortir du dispositif. Pourquoi taper sur les smicards et non sur les hauts salaires.»