Les investigations se poursuivent dans l'enquête sur le projet d'attentat visant deux églises à Villejuif (Val-de-Marne). Dimanche, trois suspects ont été interpellés en région parisienne puis placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d'être les complices de Sid Ahmed Ghlam, interpellé le 19 avril et mis en examen pour «assassinat et tentative d'assassinat en association avec une entreprise terroriste».
Depuis qu’ils ont trouvé quatre kalachnikovs, deux armes de poing et quatre gilets pare-balles dans sa voiture et dans sa chambre d’étudiant, les policiers sont persuadés que Sid Ahmed Ghlam a bénéficié d’aide dans ses desseins terroristes. La section antiterroriste de la PJ parisienne et les services de renseignements cherchent également à identifier le nom d’un autre complice basé à l’étranger, probablement en Syrie, et qui pourrait être le véritable commanditaire du projet.
Fidèles. En attendant les résultats de l'enquête, les catholiques de Villejuif (Val-de-Marne) ont assisté comme d'habitude à la messe du dimanche. «Mes fidèles étaient globalement tous présents, explique à Libération le père Philippe Louveau, le curé de la paroisse Saint-Cyr-Sainte-Julitte, l'un des deux endroits visés. C'était la meilleure réponse à donner.» Dans l'assistance, il y avait quelques visages inconnus, des catholiques qui voulaient manifester leur solidarité. «Certains se sont présentés à moi, la plupart originaires de Paris ou de la région parisienne», poursuit le prêtre. Par sécurité, les entrées latérales de l'église avaient été fermées et une discrète surveillance mise en place. «Mais, pour ma part, je n'ai rien remarqué», raconte encore Philippe Louveau.
Au début de la cérémonie, le prêtre a lu un message de l'évêque Michel Santier : «Notre résistance, ici en Val-de-Marne, ne se fera ni par les armes, ni par la psychose ! Nous résisterons par notre calme, notre discernement, notre capacité à croire en la fraternité entre tous les peuples.» Un message conforme à la ligne adoptée par les instances officielles du catholicisme français : l'appel à l'apaisement et le maintien du dialogue, notamment avec l'islam. Dans son intervention, le prêtre de la paroisse a, lui, insisté sur la nécessité de ne pas avoir peur. «Ce serait donner raison aux terroristes.» Reste qu'en privé, parlant du projet d'attentat le prêtre dit qu'il a «encore du mal à réaliser. Je me demande toujours pourquoi nous avons été spécialement visés ici à Villejuif».
Ailleurs en France, dans les paroisses, il n'y a pas eu de mobilisation particulière, ni de désertion non plus par crainte des attentats. «Il n'en a guère été question, souligne un catholique du Val-de-Marne. En fait, je crois qu'en région parisienne, les risques ne sont pas plus importants de venir à la messe que de prendre les transports en commun.» Malgré tout, les événements de Villejuif ont sonné comme une prise de conscience. «Nous nous sommes habitués à ce que les écoles juives et les synagogues soient des cibles, explique le curé de la paroisse de Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines), Pierre-Marie Grosjean. Cette fois-ci, mes paroissiens ont réalisé qu'ils pouvaient, eux aussi en tant que catholiques, être visés par des attentats.»
Marches. Par solidarité, une collecte a été réalisée, dimanche lors de la messe, dans les quatre églises de Villejuif pour la famille d'Aurélie Châtelain, la jeune femme de 32 ans, victime présumée de Sid Ahmed Ghlam, dans le cadre de son projet d'attentat, et mère d'une petite fille de 4 ans.
Durant le week-end, deux hommages lui ont été rendus. Une marche blanche a rassemblé samedi, à Villejuif, près de mille personnes auxquelles s’était joint le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. A Caudry, sa petite ville natale du Nord, un défilé silencieux, avec en-tête, la famille a, lui aussi, réuni 3 000 personnes, dimanche matin. Tandis que plusieurs participants déposaient des fleurs devant les marches de la mairie, le glas a retenti sur la ville.