Il a grandi à Saint-Just, un village de l'Hérault, proche de Lunel. Karim avait 21 ans : samedi il est mort dans une attaque-suicide au camion piégé à laquelle il a pris part, contre le poste de frontière de Touraibil, entre l'Irak et le Jordanie. C'est le septième jeune du Lunellois à mourir au jihad. Deux autres kamikazes, un Belge et un Sénégalais, seraient morts dans cette opération revendiquée par l'Etat islamique (EI). Au moins quatre gardes-frontières irakiens ont été tués et huit autres blessés selon une source citée par le Monde.
Karim, alias Abou Bakr, était arrivé en Syrie à l’été 2014. Une vingtaine d’habitants de Lunel ont rejoint les rangs jihadistes, certains en famille. Un nombre énorme pour une ville de 27 000 habitants. Cinq hommes soupçonnés d’appartenir à une filière d’acheminement de combattants ont été interpellés dans la commune le 27 janvier.
Lors de son intervention à l'Assemblée pour défendre le projet de loi sur le renseignement, le 14 avril, le Premier ministre, Manuel Valls, a révélé qu'une dizaine de jihadistes venus de toute la France seraient morts dans des attentats-suicides en Syrie et en Irak. Un motif supplémentaire d'inquiétude pour les services de renseignement qui redoutent «l'exportation» de ce type d'opérations en Europe. Le débat sur ce projet de loi controversé, que d'aucuns considèrent liberticide, en raison des nombreuses prérogatives qu'il donne aux services de renseignement, intervient dans un contexte anxiogène alimenté par la révélation du projet d'attentat déjoué contre deux églises de Villejuif. Le vote interviendra le 5 mai à l'Assemblée nationale.
De leur côté, les familles des jihadistes lunellois restent isolées. «Aucun dispositif de prise en charge spécifique n'a été mis en place à ce jour par les autorités locales», admet la mairie. En visite à Lunel le 7 février, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait promis un plan d'aide à la commune de plusieurs millions d'euros dans le cadre du contrat de plan Etat-région.