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Libération
Interview

Fichier d'enfants «musulmans» à Béziers : «J’invite les parents à porter plainte»

Les élus FN à la loupedossier
Le député PS de l'Hérault Sébastien Denaja réagit à la création, revendiquée par le maire d'extrême droite de Béziers, Robert Ménard, d'un fichier des prétendus enfants musulmans dans sa ville.
Robert Ménard pose juste après son premier conseil municipal, le 4 avril, à Béziers. (Photo Sylvain Thomas. AFP)
publié le 5 mai 2015 à 12h04

Le député PS de l'Hérault, Sébastien Denaja, réagit à la création, revendiquée lundi soir sur France 2 par le maire d'extrême droite de Béziers, Robert Ménard, d'un fichier d'enfants prétendument musulmans dans sa ville. Il demande l'ouverture d'une enquête et invite les parents à porter plainte.

Que vous inspire la démarche du maire de Béziers?

Créer un fichier d’enfants, sans autorisation des parents, sur la base de la consonance des prénoms pour les classer comme musulmans… Robert Ménard renoue ici avec les pires pratiques de Vichy et du pétainisme. Sauf que cette façon de faire est tout bonnement interdite. La loi n’autorise pas la création de tels fichiers. J’invite donc les parents à porter plainte et demande à ce qu’une enquête soit ouverte. La question de la responsabilité se pose aussi pour les fonctionnaires qui se sont prêtés à l’exercice…

Ne peut-il pas y avoir une certaine utilité pratique, pour les maires, à élaborer de tels fichiers?

J’ai vu que certains le défendaient en prétextant un besoin de s’organiser pour préparer les repas dans les cantines scolaires. Il faudrait alors recenser aussi les enfants juifs? Ou catholiques pour le poisson le vendredi? Même pour les cantines, un tel fichier est insupportable.

Une fois de plus, votre «voisin» politique réussi à faire parler de lui…

Robert Ménard, qui se prend pour le shérif de la ville, est effectivement un coutumier de la provocation, ce qui lui assure une certaine couverture médiatique. Armement à grand renfort de publicité de sa police municipale, interdiction du linge aux fenêtres, des paraboles, changement de nom d’une rue en mémoire d’un ancien partisan de l’Algérie française… Cette affaire n’est que la suite d’une longue série qui vise à stigmatiser une communauté en particulier. Mais là, ça va vraiment trop loin. Et si la loi ne permet pas de prononcer des sanctions, de protéger ces enfants, alors il faudra regarder à refonder, éventuellement, notre arsenal juridique.