La mauvaise foi outrancière avec laquelle la droite et une partie des intellectuels accueillent la réforme de Najat Vallaud-Belkacem a quelque chose d'accablant. Non que ces projets soient exempts de reproches, loin de là. Mais il arrive un moment où le dogmatisme à front bas des procureurs de la gauche passe les limites. D'où vient cette réforme ? D'une constatation attestée par plusieurs études internationales, à commencer par les enquêtes Pisa de l'OCDE, et dont le sens général ne fait pas de doute : depuis une quinzaine d'années, la performance globale du système scolaire français est en baisse. Avec un toupet hors du commun, l'opposition actuelle incrimine «l'idéologie égalitariste» en vigueur à gauche. Mais qui a géré le système scolaire pendant cette décennie funeste ? On croit se souvenir vaguement que de 2002 à 2012 la droite était au pouvoir. La voilà donc implacable avec les résultats de sa propre gestion…
Au vrai, de quoi souffre le système français ? Selon les mêmes études, le niveau moyen baisse non pas à cause d’une moindre réussite des meilleurs mais parce que les élèves peu performants le sont de moins en moins. Les conservateurs taxent donc d’égalitarisme un système… de plus en plus élitiste.
Constatant ces piètres performances, le gouvernement propose d’accroître dans les cursus du collège la part du soutien personnel ; il veut aussi renforcer l’autonomie laissée aux équipes de professeurs pour améliorer leurs résultats. C’est là le cœur de la réforme. On peut discuter de telle ou telle modalité, contester telle ou telle disposition. On doit rassurer l’opinion sur le sort du grec, du latin et de l’allemand, qui doivent être sauvegardés. On doit aussi embaucher une équipe de traducteurs pour mettre en français les écrits du ministère, rédigés dans un sabir ridicule. Mais l’idée générale du ministère est-elle si mauvaise ? Souvent les systèmes scolaires performants à l’étranger - en Europe en tout cas - sont moins centralisés et moins élitistes que le système français. Il faudrait donc tenir pour nulles et non avenues les expériences des autres pays ? A moins de vouloir détruire le collège unique, pierre angulaire de la politique scolaire dans la plupart des pays. C’est probablement le vrai sens de ces grotesques philippiques.
À lire aussi notre événement sur la réforme du collège