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Libération
Interview

Paul Raoult «Un intérêt porté aux conditions de travail»

Collège, quelle réforme ?dossier
Paul Raoult président de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves)
publié le 11 mai 2015 à 20h26

Paul Raoult, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves.

«Cette réforme va dans le bon sens, car elle fournit des éléments importants pour la réussite de tous les élèves. Mais elle n’est pas révolutionnaire, elle favorise surtout une autre approche de la pédagogie. Il est surprenant de voir plusieurs intellectuels, certains très âgés, se mobiliser contre ce texte. Quel lien Jean d’Ormesson a-t-il avec le collège d’aujourd’hui ? Il nous parle d’une époque vieille de quarante ou cinquante ans. C’est tout aussi dommage que les partis politiques s’engouffrent dans le débat de cette façon.

«Pourtant, le texte a vraiment été préparé dans la concertation. Le ministère l’a coconstruit avec les syndicats et les associations de parents d’élèves. Il a d’ailleurs été voté avec 51 voix pour et seulement 25 contre au conseil supérieur de l’éducation : c’est inédit ! Il était donc important, à nos yeux, de démolir les rumeurs et contre-vérités qui circulent à l’encontre de ce projet. L’idée selon laquelle le latin ne serait plus enseigné est ainsi fausse. Nous identifions a contrario trois éléments intéressants. Les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) vont permettre aux élèves de donner plus de sens à ce qu’ils apprennent. Aujourd’hui, les cours sont trop saucissonnés, sans forcément de lien les uns avec les autres. Autre point positif, l’accompagnement personnalisé pour apprendre aux élèves à apprendre : il n’est pas donné à tout le monde d’avoir la méthode pour prendre des notes ou réviser. Cela donnera les moyens aux élèves laissés de côté de réussir.

«Il y a aussi un intérêt porté aux conditions de travail. D’abord avec la pause de quatre-vingt-dix minutes à la mi-journée, très importante. Mais il ne faut pas qu’elle se limite à faire manger les élèves, elle doit aussi servir de temps éducatif pour développer une vie collégienne. Limiter le nombre d’heures de cours à six par jour est une bonne chose. Aujourd’hui, il arrive que des élèves de 10 ans passent huit heures d’affilée en classe. C’est comme ça qu’on dégoûte ceux qui sont déjà en difficulté et qu’on fabrique de l’échec scolaire.»