Il y a presque un an, les députés adoptaient définitivement une loi encadrant les stages «pour en finir avec les abus», comme le promettait l'un des 50 engagements de campagne de François Hollande. Las, le gouvernement tarde à publier les décrets d'application, ravivant la grogne des collectifs de stagiaires comme Génération Précaire. Lundi, c'est un dernier coup de canif dans la législation qui a suscité l'ire des syndicats. Les sénateurs, majoritairement à droite, ont en effet profité de l'examen de la loi Macron pour autoriser à nouveau les stages d'une durée d'un an, alors que la loi de juin 2014 les limitait à six mois.
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Plus précisément, l'amendement permet d'effectuer un stage de douze mois dans le cadre d'une année de césure, au cours d'un cycle licence ou master, du moment que cette année ne se situe pas en fin de cursus.
Une disposition «affligeante» pour Génération Précaire, qui a pris à partie sur Twitter la sénatrice (PS) Dominique Gillot, qui considère l'amendement comme une simple «dérogation encadrée», en «cohérence» avec son «attention aux étudiants salariés».
Qd le Sénat permet de remplacer les emplois par des #stages en votant la durée max d’un #stage à 12 mois en année de césure … #affligeant
— Génération Précaire (@GenerationPreca) May 11, 2015
«L'adoption de la loi au Sénat est d'autant plus inquiétante qu'elle s'est faite avec l'abstention du groupe socialiste», note l'Unef, qui publie ces jours-ci un guide du droit des stagiaires. Le syndicat étudiant appelle «les députés à empêcher tout recul sur cette loi de progrès des droits des stagiaires, et exige du gouvernement l'application de l'ensemble des dispositions de la loi».
La CFDT Cadres a, elle aussi, réagi à ce qu'elle considère être une «provocation», s'inquiétant de l'impact des stages longue durée sur l'emploi. «Alors qu'en France on compte plus d'un million et demi de stagiaires, dont certains exploités car ils occupent un vrai poste de travail avec des durées excédant largement les six mois, cet allongement à douze mois ouvrira grand la porte à de nouvelles dérives et à des emplois déguisés et mal payés», s'indigne Franca Salis-Madinier, secrétaire nationale de la CFDT Cadres, dans un communiqué.