Vincent Berthelot professeur de français et de latin, à Ecouen (Val-d'Oise)
«J’étais un peu déprimé en arrivant de voir si peu de monde. Cette réforme, elle m’inquiète. Pour ma discipline, bien sûr mais pas seulement. Cette idée d’interdisciplinarité, par exemple, c’est un joli mot mais c’est du vent. Du moins pour le collège. Et puis ce débat sur l’élitisme du latin... Pff. C’était peut-être vrai autrefois, mais plus aujourd’hui. Il suffit de venir dans une classe pour s’en rendre compte ! Il y a de la place... Dans mon collège, on vivote avec 7 élèves latinistes en cinquième et quatrième et 12 en troisième.»
Françoise Bula professeure d'allemand dans un collège privé sous contrat à Cachan (Val-de-Marne)
«Repenser l’apprentissage des langues, c’était une excellente idée. Mais pourquoi casser ce qui marche ? On aurait dû généraliser les classes bilangues plutôt que de les supprimer. Si elles sont élitistes, c’est parce qu’on ne dispose pas de moyens pour en ouvrir plus. On aurait dû prendre le problème dans l’autre sens. Et 2 h 30 de langues, c’est peu. Les Allemands ont 4 heures et je peux vous dire que quand on compare le niveau des élèves, y a pas photo.»
Antoine Vuillard professeur de français dans un collège en réseau d'éducation prioritaire à Evry (Essonne)
«Faisons exploser le collège unique et créons des groupes de niveau, dans certaines disciplines, comme le propose le Snalc [syndicat classé à droite, ndlr]. Dans ma classe de sixième, j'ai des élèves qui pigent tout en deux minutes et d'autres qui ne savent pas écrire. Et à quoi ça sert de leur imposer une deuxième langue en cinquième, alors qu'ils ne maîtrisent pas bien le français, et encore moins l'anglais.»
Isabelle Amigues professeure d'arts plastiques dans un collège de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
«Ce sont surtout les nouveaux programmes qui m’inquiètent. Le terme "arts plastiques" disparaît des programmes de cinquième, remplacé par "histoire des arts". Et il n’est plus mentionné que ce cours soit donné par un enseignant d’arts plastiques. Et puis, pour leurs fameux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), il va falloir dégager des heures. Sur quelles disciplines vont-ils rogner, d’après vous ? Musique et arts plastiques, à tous les coups.»