Ce fut sans doute une bonne idée que d’instaurer en France les 35 heures. Mais une très mauvaise de les étendre telles quelles à l’hôpital. La diminution du temps de travail est un mouvement séculaire que les gouvernements ont tour à tour accéléré ou freiné selon leur orientation politique. L’équipe Jospin en avait fait un cheval de bataille. Mais elle a commis l’erreur de l’appliquer de manière trop uniforme, trop rigide, à tous les secteurs de l’activité nationale, croyant se simplifier la vie alors qu’elle a surtout, dans le système de santé en tout cas, compliqué à loisir la tâche des salariés et de leurs responsables. Confronté aux impératifs budgétaires nés de la crise de la dette et des déficits, Martin Hirsch a décidé de mettre les pieds dans le plat : il faut revoir de fond en comble l’organisation du travail à l’hôpital, dit-il, sachant que les besoins de santé ont radicalement évolué en dix ans et que l’activité médicale est confrontée à des défis inédits. Remise en cause des acquis sociaux ? C’est toute la question. Marisol Touraine jure ses grands dieux qu’on ne touchera pas au totem des 35 heures. Ces fortes déclarations sont accueillies dans le scepticisme général : quand les crédits sont en baisse, les exigences en hausse et les effectifs à peine suffisants, on voit mal comment l’équation pourrait se résoudre autrement que par un allongement - négocié - des plages horaires. Alors même que l’intensité du travail à l’hôpital - quiconque y a passé quelque temps le sait - laisse peu de place à la détente ou à la pause-café. Eternel face à face de la gauche et du réel…
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