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Après les interdits de stade, les interdits de manif ?

publié le 21 mai 2015 à 20h06

Un brin désabusé, Noël Mamère. Le député écolo a dû commenter, jeudi, le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le «maintien de l'ordre républicain», commission qu'il a initiée et présidée, mais dont il a refusé les propositions. Minoritaire (le texte a reçu 13 voix pour, du PS à l'UMP, 2 contre), le député de Gironde regrette que la commission, mise en place après la mort du militant écologiste Rémi Fraisse à Sivens, ait «inversé la pyramide» : «L'idée, au départ, était que l'ordre public s'adapte à la liberté de manifester, pas le contraire.» Pascal Popelin, député PS de Seine-Saint-Denis, s'en défend : «Globalement, le système fonctionne, mais il doit s'adapter. Nous n'avons fait ni le procès des forces de l'ordre ni le procès des manifestants.» A voir.

Les 23 propositions présentées par le rapporteur tendent en effet à renforcer les prérogatives de l'Etat. L'une d'elles vise à mettre en œuvre, par arrêté préfectoral, une interdiction individuelle a priori de participer à une manifestation. Une idée inspirée des interdictions de stade. «Cela ne concernerait que les personnes condamnées», explique Popelin. Qui a aussi argumenté en faveur d'une «concertation obligatoire» avant tout rassemblement entre les préfectures et les organisateurs.

La commission consacre par ailleurs une partie importante de son travail à l'équipement des forces de maintien de l'ordre, CRS et gendarmes mobiles. Elle a renoncé à interdire les lanceurs de balles de défense (une sorte de flash-ball), au grand dam de Noël Mamère, qui ironise sur leur caractère «peu létal» et réclame le bannissement de toutes les armes de quatrième catégorie. La commission, bien au contraire, revendique le développement de «nouveaux moyens intermédiaires visant à disperser les foules». Pascal Popelin évoque pêle-mêle la réintroduction des canons à eau, l'acquisition de grenades «projetant à faible hauteur des galets en caoutchouc» et de «moyens aveuglants et assourdissants». Précisant qu'il n'est «pas possible de faire du maintien de l'ordre en dotant les CRS d'une fleur de tournesol».