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Un dentiste sur trois évite de soigner des patients séropositifs

L’association Aides a réalisé un testing qui met en lumière la discrimination existant à l’égard des patients atteints du VIH.

Une patiente reçoit des soins dentaires dans un hôpital de Lyon. (Photo Philippe Merle. AFP)
Publié le 04/06/2015 à 12h41

Le 30 novembre, «Libé» célèbre le quarantième anniversaire d’Aides, la plus grande association européenne de lutte contre le VIH /sida. A cette occasion, et en attendant le supplément et le forum à la Maison des métallos, à Paris, nous republions quelques articles parus dans nos pages depuis le débout de la maladie.

Aides a enregistré les discussions téléphoniques et les messages vocaux. «Je pense que, par préférence, il vaut mieux pour vous que vous alliez à l’hôpital, comme ça, ils prendront plus de précautions.» «Vous serez mieux pris en charge à l’hôpital. Ils ont de meilleures conditions et de meilleures désinfections possibles pour les patients séropositifs.» «Il faudrait que vous vous organisiez pour venir un soir, pour la dernière consultation.» Des militants de l’association de lutte contre le sida ont réalisé un testing auprès de dentistes et gynécologues afin de voir s’il existait une discrimination à l’égard des patients séropositifs, révèle le Parisien. Résultat : «3,6% des dentistes ont purement et simplement refusé de recevoir le patient à cause du VIH», précise le quotidien, et 30% ont trouvé des prétextes pour l’éloigner (inquiétude sur sa solvabilité, propositions d’horaires contraignants, annonce de dépassements d’honoraires…). Les gynécologues s’en tirent mieux, avec deux refus de soins directement liés au VIH, soit 1,7% des prises de rendez-vous. Le taux monte à 4,3% pour les refus déguisés.

Les testeurs ont appelé 440 dentistes et 116 gynécologues afin de prendre rendez-vous pour un détartrage avec les premiers, un frottis avec les seconds, en précisant qu'ils étaient séropositifs. «Nous avons choisi de cibler ces spécialistes, car les remontées de discrimination et de petites humiliations venaient de là», explique Bruno Spire, le président d'Aides, au Parisien. Pour évaluer l'impact réel de l'annonce de la séropositivité, les militants ont appelé chaque médecin deux fois : la première sans parler du VIH, la seconde en le mentionnant. Pour éviter tout biais, ils ont toujours donné un nom français et n'avaient pas de CMU (couverture maladie universelle).

«Vous m’auriez dit ça il y a vingt ans… mais aujourd’hui, s’étonne Christian Couzinou, le président de l’ordre national des chirurgiens-dentistes, auprès du Parisien. Ces réactions sont tout à fait anormales, et nous poursuivons systématiquement quand elles nous parviennent. Dans les cabinets, les précautions sont les mêmes quel que soit le patient. D’ailleurs, certains ignorent qu’ils sont séropositifs, et quand ils le savent ils ne sont pas obligés de le dire.» Le code de la santé publique interdit toute discrimination, sous peine de sanctions civiles et pénales, «qui se limitent de fait à un blâme», précise le quotidien.