Il y a quelque chose de réconfortant dans la décision de la Cour européenne des droits de l'homme sur le sort de Vincent Lambert (lire page 11). Non pas parce que la cour aurait choisi la mort plutôt que la vie en disant que le Conseil d'Etat avait raison de permettre l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation de ce jeune infirmier dans le coma. Mais parce qu'elle a centré son argumentaire sur un mot : la volonté de la personne, son «autonomie», dirait les bioéthiciens. Certes, la cour a rappelé qu'en matière de fin de vie, il n'y a pas de consensus dans les pays membres et que, de ce fait, il faut laisser une forte marge de manœuvre. Pour autant, la question des souhaits de la personne doit être au cœur de nos positions. La cour a relevé «qu'après avoir souligné l'importance toute particulière que le médecin doit accorder à la volonté du malade, le Conseil d'Etat s'est attaché à établir quels étaient les souhaits de Vincent Lambert. Ce dernier n'ayant ni rédigé de directives anticipées ni nommé de personne de confiance, le Conseil d'Etat a tenu compte du témoignage de son épouse, laquelle rapportait de façon précise et datée des propos qu'il avait tenus à plusieurs reprises, dont la teneur était confirmée par l'un de ses frères, et dont plusieurs des autres frères et sœurs avaient indiqué qu'ils correspondaient à la personnalité, à l'histoire et aux opinions de leur frère». V incent Lambert l'avait dit, répété : il ne voulait pas vivre cette vie-là. Ce n'était pas une position morale, mais personnelle, existentielle. Comment et de quel droit s'y opposer ? C'est pour cette raison que, durant ces longues dernières années, il a été particulièrement obscène d'entendre dire que Rachel, sa femme, voulait sa mort. Elle l'a toujours murmuré : «Je ne veux pas qu'il meure, mais c'est son choix, et mon amour pour lui est de l'accepter.» Les juges de la Cour européenne ont eu la belle idée d'entendre Vincent plutôt que le tintamarre autour.
Éditorial
Vincent Lambert ne voulait pas vivre cette vie-là
Vincent Lambertdossier
par Eric Favereau
publié le 5 juin 2015 à 19h16
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