La comédienne Yasmine Modestine vient de publier Quel dommage que tu ne sois pas plus noire, récit édifiant sur sa condition de comédienne métisse, où elle déplore l'absence de diversité sur les écrans et dans les formations d'acteurs.
«Dans les castings, on entend parfois «il n'y a pas de rôle pour vous dans un film qui se déroule au XVIIIe siècle». Or, il y avait bien des Noirs et des Métis à Paris à cette époque. On entend aussi «les Noirs, c'est compliqué», et même «il n'y a pas de bons comédiens noirs». On m'a tour à tour reproché d'être «trop noire» ou «trop pâle». Ce «white washing» vient, selon moi, du blanchiment de l'histoire : on sait peu qu'Alexandre Dumas était quarteron par exemple. Dans Lorenzaccio, de Musset, le duc Alexandre de Médicis était métis, or jamais un comédien métis ne joue le rôle… Les rôles qu'on nous propose sont stéréotypés : nous sommes délinquants, nounous ou sans-papiers. L'ascension sociale s'arrête à l'infirmière. Les comédiens noirs et métis devraient avoir le droit de travailler sans être rappeurs, mannequins ou issus de banlieue. C'est pour cela que je crois qu'il faut des quotas, soutenus et relayés par les voix d'artistes connus qui n'ont rien à perdre en s'exprimant, tel Lenny Henry en Angleterre, prenant la parole à la cérémonie des Bafta».
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