La justice française a relaxé ce vendredi Dominique Strauss-Kahn d’accusations de proxénétisme, une décision qui clôt une série de scandales sexuels ayant anéanti la carrière politique de l’ancien directeur du Fonds monétaire international. L’ancien homme politique, un temps favori pour la présidentielle de 2012, est resté impassible à la lecture du jugement, devant le tribunal correctionnel de Lille.
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Dans cette affaire révélée en 2011, il lui était reproché d’avoir participé à des parties fines avec des prostituées organisées par des amis à Lille, en Belgique et à Washington, où siège le FMI. DSK, 66 ans aujourd’hui, n’a jamais nié avoir participé à ces séances de sexe collectif, mais il a soutenu ne pas avoir su que certaines de ses partenaires étaient des professionnelles. Accusé de proxénétisme aggravé en bande organisée comme 12 des autres personnes comparaissant à ses côtés (le 14e prévenu ne comparaissait que pour complicité d’escroquerie), DSK encourait en théorie jusqu’à 10 ans de prison et 1,5 million d’euros d’amende.
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A l’issue des audiences, qui ont duré trois semaines en février, le procureur avait requis la relaxe «pure et simple» faute de preuves. Quatorze personnes au total étaient accusées dans cette affaire dite «du Carlton», du nom d’un hôtel de luxe où travaillaient certains des prévenus. Combatif à la barre du tribunal, DSK avait farouchement nié être l’instigateur des soirées libertines auxquelles il participait, et avoir été au courant de la profession des prostituées qu’il y rencontrait, après une autre affaire à connotation sexuelle, celle du Sofitel de New York en mai 2011, qui avait anéanti sa carrière politique.
Après avoir relaxé sept protagonistes, dont un propriétaire de maisons closes en Belgique surnommé «Dodo La Saumure», et condamné à un an de prison avec sursis un ancien responsable de l’hôtel du Carlton de Lille, le tribunal a jugé que DSK n’était pas l’instigateur de parties fines avec des prostituées. En droit français, inciter ou favoriser le recours à des prostituées est considéré comme du proxénétisme et passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison. Etre simple client est en revanche autorisé.
A l'ouverture des débats, et en présence de nombreux médias français et étrangers, le président de la cour avait demandé aux participants de bien distinguer le droit de la morale. Même si le climat est resté «serein», les échanges sur les pratiques sexuelles de l'ancien ministre ne l'ont pas épargné. Des prostituées ont ainsi évoqué des séances d'«abattage», ou une «boucherie». Lui a assumé son goût pour une sexualité de groupe, parfois «rude» mais s'est comparé à un libertin, aimant «la fête».
Au-delà des charges retenues et de l'instruction, pilonnée à boulets rouges par la défense, le procès s'est parfois transformé en débat autour de la prostitution et de la législation qui l'entoure. Dépassée, selon les avocats de la défense. A compléter, pour les parties civiles.