Menu
Libération
Infographie

En attendant la réforme, les aides à la presse varient peu

«Le Figaro» demeure le journal le plus aidé par l'Etat en 2014, avec plus de 15 millions d'euros. Des journaux comme «Closer», qui touche 400 000 euros d'aides postales, doivent perdre leurs subventions, tandis que d'autres, comme «Charlie Hebdo», devraient en toucher plus.
Un vendeur de journaux montre une édition du Figaro, le 22 avril 2012. (Photo Yves Herman. Reuters)
publié le 12 juin 2015 à 19h21

Le ministère de la Culture et de la Communication a publié ce vendredi, dix jours après la présentation d'une réforme des aides à la presse, le tableau des 200 publications les plus aidées en 2014. Avec un total de 282 millions d'euros budgétés en aides directes et indirectes (hors AFP), le ministère constate que la presse est un secteur dont «la situation économique demeure difficile».

En attendant la réforme, le paysage ne varie pas beaucoup. Comme en 2013, le trio de tête est composé dans cet ordre du Figaro, du Parisien-Aujourd'hui en France et du Monde (les deux derniers ayant inversé leurs places).

Avec 15,2 millions d'euros d'aides directes et indirectes, Le Figaro, qui dénonce régulièrement la «France des assistés», conserve confortablement la première place. Les huit premières places sont occupées par des quotidiens, à l'exception de Télérama (septième avec 7 millions d'euros). Libération pointe à la sixième place, avec presque 8 millions d'euros. Si l'on considère l'aide par exemplaire diffusé, Libé est en revanche le deuxième quotidien, avec 27 centimes par numéro. Le premier est, de loin, L'Humanité (59 centimes par numéro).

Si l'on considère les groupes maintenant, avec Le Parisien-Aujourd'hui en France, L'Equipe et France Football, le groupe Amaury arrive nettement en tête – une place qui pourrait revenir par la suite à LVMH, le groupe de Bernard Arnault, qui est entré en négociations exclusives pour acquérir Le Parisien-Aujourd'hui en France.

Une nouveauté dans le tableau du ministère cette année : l'apparition d'une colonne qui met en relief la part des aides à la poste, indirectes, dans le total des sommes touchées. Cette innovation a une raison : la réforme à venir doit précisément supprimer ces aides pour la presse de loisir et de divertissement, notamment les publications people ou les programmes de télévision. Ainsi, un journal comme Closer, 87e avec 400 000 euros d'aides postales – 88e en 2013 avec 533 221 euros d'aides au total –, devrait prochainement perdre cette manne, qui représente 100% de ses subventions.

Fixées selon «le poids des publications, l'urgence et le degré de préparation des expéditions», les aides postales sont en réalité des remboursements de l'Etat à la Poste, qui applique des tarifs préférentiels aux journaux. Effet pervers de ces critères : plus un journal a de publicité, plus il pèse lourd, et plus il touche d'aides postales. Elles représentent ainsi 88% des sommes récoltées par l'hebdomadaire Le Point (3,1 millions d'euros), dont une bonne partie de la pagination consiste en des publicités.

Le Monde diplomatique, qui s'était ému de l'inégalité de traitement dont il faisait l'objet par rapport à d'autres, retourne dans le classement des 200 en 2014, à la 104e place, avec près de 320 000 euros. Une somme qui est amenée à évoluer significativement avec la réforme : son autre volet prévoit une extension des aides pour les titres à faibles ressources publicitaires (dont fait partie, par exemple, Libération). Pour l'heure réservées aux quotidiens, celles-ci devraient être étendues aux autres périodicités (hebdomadaire et mensuelle notamment). La ministre avait annoncé travailler sur cette évolution à la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo, où avait été mise en lumière la situation financière précaire du journal. Charlie ne figurait d'ailleurs pas, en 2014, parmi les 200 titres les plus aidés.