Sifflé aux 24 Heures du Mans, samedi, François Hollande a fait, dimanche, un passage beaucoup plus calme à la 18e édition de Vinexpo. La parole présidentielle était pourtant particulièrement attendue à Bordeaux, où se tient le plus grand salon au monde dédié au vin et aux spiritueux, alors que le débat sur la loi Evin a été vivement relancé depuis que les députés ont voté, dans la nuit de mercredi à jeudi, l'amendement d'un sénateur assouplissant ce texte. Contre les avis répétés de représentants du gouvernement et en premier lieu de la ministre de la Santé.
«Des clarifications sur les clarifications»
«Clarification, précision mais préservation des équilibres de la loi Evin, et j'ai envie de dire préservation d'abord», tels sont les principes édictés, avec une touche d'ambiguïté, dimanche matin par François Hollande. Ce qui a conduit le maire de Bordeaux, Alain Juppé, à demander non sans raison «des clarifications sur les clarifications», tandis que le chef de l'Etat a également affirmé que l'équilibre entre «surtaxe qui tue la filière» viticole et «promotion sans entrave» doit être conservé, rappelant que «la loi Evin n'interdit pas la publicité pour le vin, [mais qu']elle l'encadre».
Dans un entretien à Sud Ouest Dimanche, François Hollande avait déjà entretenu un certain flou : «Je viens à Vinexpo parce qu'il s'agit de l'un des plus grands salons au monde. Il consacre la réussite d'une filière, celle du vin, qui fait travailler plus de 500 000 personnes dans notre pays et dégage plus de 10 milliards d'euros d'excédent commercial. Nous en avons bien besoin. C'est aussi une culture qui permet à la France de rayonner grâce à un produit de grande qualité.» Puis il a ajouté : «Il y a néanmoins des règles qui doivent être rappelées, ce sont celles qui ont été fixées par la loi Evin il y a vingt-cinq ans. Je sais les préoccupations qui existent pour préserver la promotion de l'œnotourisme, c'est un sujet qu'il convient de traiter sereinement sans remettre en cause les équilibres de la loi Evin en matière de publicité sur les alcools.»
«Coup dur pour la santé publique»
Bref, tout reste ouvert. Jeudi, on s'en souvient, lors de l'examen en commission en nouvelle lecture du projet de loi Macron, les députés n'avaient suivi le gouvernement qui demandait la suppression d'un amendement du Sénat faisant la distinction entre information et publicité sur l'alcool. «Il fallait dépoussiérer» la loi Evin, s'était félicité l'auteur de l'amendement, le sénateur Gérard César (Les Républicains, ex-UMP). Tandis que le ministre de la Santé, Marisol Touraine, qualifiait sans hésiter cette décision de «coup dur pour la santé publique».
Il n'y a bien eu que Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée pour affirmer que «dans le texte de la loi Macron aujourd'hui, il n'y a absolument rien qui remette en cause la loi Evin», préconisant de «continuer le dialogue avec le gouvernement» pour trouver des compromis. Dimanche à Bordeaux, François Hollande a aussi dit : «Là où nous sommes les premiers, restons les premiers. C'est le sens de ma visite qui n'a pas d'autre objet.»