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Libération
Enquête

Un professeur israélien soupçonne des institutions françaises de discrimination contre des étudiants

publié le 15 juin 2015 à 20h16

Le courrier est parti ce week-end au parquet de Paris. Signé de Jean-François Carenco, préfet d’Ile-de-France, il est accompagné d’un dossier relayant des soupçons de discrimination à l’encontre d’étudiants israéliens. En mai, le professeur Sefy Hendler, spécialiste de la Renaissance italienne, prépare le voyage d’étudiants en histoire de l’art de l’université de Tel-Aviv. Objectif : visiter les principales institutions culturelles françaises.

Le 11 mai, il écrit au Louvre et à la Sainte-Chapelle. Les retours sont négatifs. «Désolé, nous n'avons pas de possibilité pour cette journée», répond-on à la Sainte-Chapelle. Même teneur du côté du Louvre, où trois horaires différents avaient été sollicités. Sefy Hendler décide de tenter un «testing». Il formule de nouveaux souhaits. L'un au nom d'un «institut de l'art» à Florence, l'autre pour l'«Abu Dhabi Art History College». Deux institutions fictives qui reçoivent, elles, des réponses positives.

«J'étais profondément choqué, explique Sefy Hendler. J'étais prêt à annuler le voyage.» L'homme décide d'alerter François Heilbronn, président des Amis français de l'université de Tel-Aviv. Ce professeur à Sciences-Po écrit au président-directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, à celui du Centre des monuments nationaux (qui gère la Sainte-Chapelle), Philippe Bélaval, ainsi qu'à Fleur Pellerin, ministre de la Culture. Du côté du Louvre, une enquête interne livre son verdict. «Nous avons été victimes de notre succès, explique la direction. La demande est deux fois supérieure à l'offre.» «Une seconde réservation de l'université israélienne a été acceptée par la suite», précise le Louvre. Du côté de la Sainte-Chapelle, Philippe Bélaval explique qu'une enquête débouchera certainement sur une «procédure disciplinaire». Mais, «il n'est pas établi qu'il y ait eu des discriminations». «Cette réponse apparaît désinvolte, regrette François Heilbronn. Si le parquet est saisi […], il y aura une enquête de police.» De quoi faire la lumière sur une «discrimination supposée, venant d'une institution culturelle à vocation universelle, et pratiquée par des fonctionnaires. C'est un délit qui tombe sous le coup de la loi». C'est d'ailleurs à ce titre que le préfet Carenco a alerté la justice.