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Libération
Histoire

La vraie-fausse histoire de l'invasion du moustique tigre

La psychose médiatique autour d'une possible arrivée de ce nuisible sous nos latitudes était en fait largement entretenue... par un fabricant d'anti-moustiques.
Des larves de moustique pouvant véhiculer la dengue observés au microscope, le 27 novembre 2009. (Photo Eduardo Munoz. Reuters)
par Camille Pettineo
publié le 19 juin 2015 à 19h50

«Chikungunya, dengue : alerte rouge au moustique tigre» apprend-on sur différents sites d’information en début d’après-midi (ici, , ou encore là). Bouches‐du‐Rhône, Vaucluse, Lot‐et‐Garonne, Ardèche, Saône‐et‐Loire : la liste des zones touchées n’en finit pas. D’autant que les articles précisent bien que le moustique est «implanté et actif». Mais ce n’est pas tout : ce moustique tigre colporte le chikungunya, la dengue et «peut aussi vous infecter de la fièvre jaune et la fièvre du Nil». Pire, au terme d’une minute trente d’une vidéo d’un organisme se faisant appeler «Vigilance Moustiques», on annonce en toutes lettres que «le moustique tigre aura sans doute colonisé l’ensemble du territoire à l’horizon 2030».

Après un moment de panique bien légitime, suivi immédiatement d'un échange téléphonique bref mais efficace avec un porte-parole du ministère de la Santé, qui nous affirme que cette information «n'a pas l'aval du ministère», on se prend à errer sur le site de Vigilance Moustique, qui se dit «premier site d'information actualisée sur les moustiques. Il s'avère, en deux clics trois mouvements, que le site est administré par un fabricant de répulsifs anti-moustiques, Manouka, qui propose à l'envi des produits afin de se débarrasser de ce nuisible. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.