En France, la protection des communications incombe à l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi). Son directeur, Guillaume Poupard, réagit (par mails) à la publication des documents WikiLeaks, prouvant l'espionnage économique et politique de la France par les Etats-Unis (Libération de mardi).
Etes-vous surpris par l’ampleur et le caractère systématique de cet espionnage ?
La protection des activités sensibles des entreprises, qu’elles soient techniques ou commerciales, doit impérativement devenir une préoccupation majeure pour l’ensemble des dirigeants et ce quel que soit leur domaine d’activité et l’origine présumée des actions d’espionnage économique.
Estimez-vous que les moyens de l’Etat pour protéger ses communications sont efficaces ?
La France fait partie des rares pays capables de développer leurs propres produits de sécurité, y compris pour les très hauts niveaux de sécurité. Les autorités françaises disposent notamment d’une solution de téléphonie chiffrée appelée Teorem capable de protéger les communications jusqu’au niveau «secret défense». Réalisé en étroite coopération avec la Direction générale de l’armement, ce produit offre un niveau d’assurance très élevé, y compris contre les agences de renseignements les plus puissantes. Par ailleurs, des solutions de compromis permettant d’éviter la majorité des menaces informatiques tout en préservant les fonctionnalités des smartphones les plus modernes est en cours de généralisation au sein des ministères.
Comment l’Anssi protège-t-elle les entreprises stratégiques contre l’espionnage économique ?
L’Anssi travaille en étroite coopération avec les autres services de l’Etat des différents ministères ainsi qu’avec les opérateurs eux-mêmes, à la fois à titre préventif mais également, si nécessaire, en cas d’attaque. L’idée est de développer simultanément l’offre et la demande en matière de cybersécurité. .