En matière de santé planétaire, il y a peu d’occasions de se féliciter de la solidarité mondiale. Mardi, pourtant, l’ONU-sida a publié un rapport qui fera date, au titre choc : «Comment le sida a tout changé.» Un travail qui compare la situation il y a quinze ans avec celle d’aujourd’hui, puis avec les prévisions dans quinze ans si l’effort mondial se poursuit.
Les résultats sont spectaculaires : jamais, dans l'histoire de l'humanité, il n'y a eu une telle réponse planétaire face «à la plus grosse catastrophe sanitaire qu'a connue le monde», selon l'expression de l'Organisation mondiale de la santé. Aujourd'hui, l'ONU-sida peut imaginer l'arrêt des contaminations à l'horizon 2030. Le chiffre le plus parlant de cette riposte : 15 millions de personnes bénéficient d'un traitement anti-sida début 2015. «Si l'on continue ainsi, note le Dr Michel Sidibé, directeur de l'ONU-sida, nous pouvons faire en sorte qu'en 2030, toute personne dans le monde qui le nécessiterait puisse bénéficier d'un traitement.»
Et cela marche, car l'épidémie régresse : «Il y avait, poursuit Michel Sidibé, 3 millions de nouvelles infections par an. En 2015 ? Moins de 2 millions. Et en 2030, il est possible qu'il n'y en ait quasiment plus.» Quant au nombre de décès liés au VIH, ils ont chuté en quinze ans de 41 %. «L'espérance de vie d'une personne vivant avec le sida était de 36 ans en 2001, détaille encore le Dr Michel Sidibé. Aujourd'hui, elle est de 55 ans. Dans quinze ans, cette espérance de vie pourrait être là même que pour une personne séronégative.»
Pour autant, il reste plusieurs points noirs, comme la criminalisation des relations homosexuelles dans plusieurs pays. Et 43 Etats continuent de poser des restrictions pour les voyageurs séropositifs.