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Libération
Récit

Vincent Lambert : la procédure collégiale relancée

Vincent Lambertdossier
La médecin Daniela Simon a reçu, ce mercredi, les membres de la famille du jeune homme, pour recueillir une nouvelle fois leur avis sur son maintien en vie.
Viviane Lambert, devant l'hôpital de Reims, où son fils est hospitalisé, le 15 juillet. (Photo François Nascimbeni. AFP)
publié le 15 juillet 2015 à 16h41
(mis à jour le 15 juillet 2015 à 17h02)

Ils sont tous venus. D'abord, tôt ce matin, Rachel, la femme de Vincent Lambert, puis François, son neveu, les frères et sœurs ensuite, les parents, enfin. Daniela Simon, la médecin qui dirige aujourd'hui le pôle de rééducation du CHU de Reims, les avait tous convoqués. «L'objectif de cette réunion, leur avait-elle écrit, sera, tout en tenant compte des recommandations du Conseil d'Etat et de la Cour européenne des droits de l'homme, de recueillir l'avis sur cette nouvelle procédure.»

De fait, dans l’interminable agonie que vit Vincent Lambert, depuis son accident de voiture en septembre 2008, qui l’a plongé dans un état sans conscience, c’est toute la procédure qui redémarre, comme l’a souhaité cette médecin. Celle-ci aurait pu se reposer sur la décision collégiale qui avait été déjà prise, il y a plusieurs mois, mais à l’époque elle n’était pas la chef de service.

«Dr Simon a préféré tout recommencer. C'est ce qu'elle nous a dit, nous a expliqué François Lambert. Ce matin, elle nous a donc annoncé qu'elle relançait formellement la procédure collégiale. Nous allons être rapidement reconvoqués pour un conseil de famille où chacun dira son sentiment. Ensuite, elle prendra l'avis d'autres médecins. Mais Daniela Simon, ajoute-t-il, nous l'a dit clairement: ce sera une décision médicale, et non pas une décision du patient ou de ses proches».

Daniela Simon connaît bien Vincent Lambert. Et sa situation clinique. C’est elle qui s’en occupe directement depuis plusieurs années au CHU de Reims. C’est elle qui, à deux reprises, a assumé la décision d’arrêter toute alimentation et hydratation, considérant alors que c’était le souhait de Vincent et, qu’en plus, il était en situation d’obstination déraisonnable dans les soins prodigués. Mais à chaque fois, les parents ont tout bloqué.

Blocage familial

Lorsque  la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a validé, le 5 juin, l'arrêt de son alimentation et de son hydratation artificielles, les parents de Vincent, catholiques traditionalistes farouchement opposés à l'application de cette décision médicale, ont encore demandé la révision de l'arrêt de la CEDH. Sans succès. Et, aujourd'hui, ils continuent leur combat. La mère de Vincent, Viviane Lambert, dénonce, désormais, «une affaire politique».  Au micro d'Europe 1, elle a ajouté, ce matin : «On se sert de Vincent pour faire passer la loi sur l'euthanasie. Il est hors de question que je baisse les bras. Qu'on me le donne si on ne veut plus s'occuper de lui.»

Une situation familiale totalement figée. Les parents, peuvent-ils juridiquement s'y opposer encore ? «S'ils ne sont pas entendus et si nous estimons que cette nouvelle procédure collégiale ne correspond pas aux droits fondamentaux de Vincent, nous saisirons le tribunal administratif», a aussitôt menacé Jean Paillot l'avocat des parents. Dans ce contexte, Daniela Simon a l'air de vouloir assumer sa position de médecin, place que lui donne formellement la loi Leonetti : en dernier ressort, c'est en effet au médecin de prendre la décision.

En tout cas, l'état de Vincent est loin de s'améliorer. Le mois dernier, les parents de Vincent avaient affirmé que leur fils pouvait avaler et déglutir, et donc «se nourrir naturellement». Constat totalement démenti par l'hôpital. De même, aux dires des médecins, vouloir l'installer sur un fauteuil la journée comme le demandent les parents, serait «malfaisant».