La contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, s’alarme de la prise en charge médicale et l’accès aux soins des détenus, dans un avis publié jeudi.
Les détenus sont-ils bien soignés en prison ?
Malheureusement non. Il y a eu une amélioration depuis que la prise en charge de la santé des détenus a été rattachée au ministère de la Santé. Mais la loi de 2009 a posé le principe d’égalité des soins entre les personnes détenues et les autres, et on en est encore très loin. Dans les établissements pénitentiaires, il existe des unités sanitaires, mais les détenus attendent parfois longtemps avant d’obtenir un rendez-vous. Parce qu’il n’y a pas assez de médecins par rapport au nombre de détenus, et que la prison peine à recruter des soignants.
Où sont soignés les détenus hospitalisés ?
Lorsqu’il s’agit d’un séjour supérieur à quarante-huit heures, les détenus sont transportés dans une unité hospitalière sécurisée interrégionale. Il en existe huit en France. Pour une hospitalisation urgente ou courte, les détenus vont à l’hôpital public le plus proche. Mais l’accueil se fait dans des conditions très insatisfaisantes. Les détenus ne sont pas traités comme des patients. Ils sont très souvent menottés et entravés aux pieds, même lorsqu’ils subissent une anesthésie générale !
De quelle prise en charge bénéficient-ils ?
Chaque hôpital de proximité possède une ou deux chambres sécurisées pour les détenus. Ils y ont beaucoup moins de droits qu’en détention où ils ont accès au parloir, au téléphone… Or, la loi indique qu’ils doivent être soignés dans des «conditions équivalentes à celles dont bénéficie l’ensemble de la population». Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il n’y a également aucune confidentialité. Dans la grande majorité des cas, un surveillant assiste à la consultation. C’est une atteinte évidente à la dignité des personnes et même à l’intervention chirurgicale. Les détenus le vivent comme une humiliation. C’est une forme de double peine parce qu’ils sont à la fois malades et toujours considérés comme des détenus. Beaucoup refusent donc ces hospitalisations de courte durée et ne sont pas bien soignés.