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Libération
EDITORIAL

Implacable

publié le 16 juillet 2015 à 19h26

Vivre avec le terrorisme… Depuis les attentats du 7 janvier - mais aussi depuis le 11-Septembre - les démocraties doivent apprendre à soutenir sans faiblir cette lutte de l’ombre zébrée d’éclairs sanglants. La virulence du schisme qui traverse l’islam, entre la minorité intégriste - dont sortent les terroristes - et la masse des musulmans qui aspirent à une vie normale, est redoublée par la haine de l’autre que dispense cette pathologie identitaire. Elle implique la persistance de l’affrontement, qui durera peut-être une génération. A ce titre, on doit accueillir avec satisfaction le travail des policiers qui réussissent à prévenir les attentats, seraient-ils à l’état de simples projets. On est assez critique quand ils laissent passer par les mailles du filet un Merah ou un Coulibaly, pour ne pas se plaindre quand la prévention fonctionne. Comment communiquer ? Les gouvernements successifs ont usé de méthodes variables, entre la discrétion utile aux enquêtes et la nécessité d’informer le public des menaces qui planent sur lui. Une  vigilance sémantique en tout cas s’impose : tout ce qui assimilerait des attentats à une guerre est finalement nuisible. La guerre, la vraie, a lieu en Syrie ou en Irak. Aussi angoissant soit-il, aussi cruel pour les victimes ou les familles, le terrorisme n’est pas la guerre. C’est une propagande par le meurtre, dont les victimes se comptent par centaines alors que les morts d’une guerre se dénombrent par dizaines de milliers, parfois beaucoup plus. La guerre supposerait l’état de guerre, c’est-à-dire la suspension des libertés, qui est l’un des objectifs des assassins. La démocratie se défendra par une action policière sans faille et par son intelligence politique. Il n’y a ni guerre de civilisation ni guerre tout court, mais un affrontement implacable avec une bande de meurtriers. Instaurer la confusion, mal nommer le terrorisme, c’est déjà lui faire une concession.