Cinq conducteurs du service UberPop - du nom de l'application pour smartphones qui met en relation des particuliers pour des transports à titre onéreux - étaient cités à comparaître à Bordeaux, mercredi, pour «exercice illégal de l'activité d'exploitant de taxi» et/ou «exécution d'un travail dissimulé». Aucun ne s'est présenté à l'audience. Ce sont donc leurs avocats, mandatés par la société Uber selon la présidente du tribunal, qui présentaient seuls les intérêts de leurs clients.
Une fois la question de constitutionnalité écartée (Libération de jeudi), les magistrats ont examiné l'affaire sur le fond et se sont penchés sur les profils des chauffeurs, via la lecture des extraits des procès-verbaux d'auditions.
Kamel A., 39 ans, agent de sécurité, gagne 1 300 euros mensuels. Il a été contrôlé par la police à Bordeaux le 21 mars. Il a perçu près de 1 000 euros avec UberPop. Jacques H., 69 ans, ex-prof de sport, perçoit 2 000 euros mensuels de retraite. A raison de «cinq à six clients par jour en moyenne», il percevait entre 400 et 500 euros d'Uber chaque semaine. Rachid B., 47 ans, lui est chômeur en fin de droits.
Loïc L.B., 27 ans, a déclaré aux policiers gagner 400 euros mensuels avec son activité de barman. Il a débuté son activité le 8 février et a été contrôlé le 13. Loukmane B., 37 ans, a exercé son activité du 20 octobre 2014 au 14 février. Il gagne 1 350 euros mensuels en tant que chef d'équipe dans le BTP. La présidente précise ses déclarations aux policiers : «Je n'ai pas compris grand-chose au contrat Uber. Non, je ne suis pas taxi ni VTC.» Durant ses quasi quatre mois d'activité UberPop, il a perçu 8 977 euros de la société Uber, soit 2 250 euros mensuels.
Mais pour la procureure, pas d'ambiguïté : «Au début de leur activité, les chauffeurs ont pu être leurrés par Uber qui leur a dit que UberPop était un service légal. […] Mais, rapidement, publicité a été faite que l'activé UberPop est illégale.» Le parquet de Bordeaux a requis entre 3 000 et 5 000 euros d'amende (dont une partie avec sursis) et six mois de suspension du permis de conduire. Jugement le 2 septembre.