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Libération
Décryptage

Projet d'attentat contre une base militaire : ce que l'on sait

Les trois suspects actuellement interrogés envisageaient l’attaque d'une base militaire au Cap Béar.
Bernard Cazeneuve a expliqué que les suspects projetaient «une action terroriste contre des installations militaires françaises». (Photo AFP)
publié le 16 juillet 2015 à 16h53

Le 23 avril, au lendemain de l'annonce de l'interpellation de Sid Ahmed Ghlam, l'étudiant algérien suspecté du meurtre d'Aurélie Châtelain et de la planification d'attaques contre des églises du Val-de-Marne, le Premier ministre, Manuel Valls, avait révélé «que cinq attentats avaient déjà été déjoués en France depuis le début de l'année.» Avec Ghlam, cela faisait donc six. Et désormais sept, avec l'arrestation, lundi, de quatre hommes âgés de 16, 17, 19, et 23 ans, qui projetaient, selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, «une action terroriste contre des installations militaires françaises.»

Qui sont les quatre hommes interpellés ?

Peu d’éléments ont filtré pour le moment sur leurs parcours. En garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), trois des quatre hommes - le plus jeune, âgé de 16 ans, a été relâché jeudi matin - revendiquent leur engagement jihadiste et se réclament de l’Etat islamique (EI). Arrêtés dans le Nord, les Yvelines et à Marseille, les trois hommes sont entrés en contact par Internet, via des applications cryptées. Un billet de train retrouvé chez l’un d’eux accrédite l’hypothèse d’une rencontre imminente entre eux. Au départ, le petit groupe souhaitait se rendre en Syrie mais, se sachant épiés par les services, ils auraient opté pour une action spectaculaire sur le territoire français.

Au départ, la DGSI surveillait l'un des instigateurs présumés de l'attentat, âgé de 17 ans. Ce dernier, comme Sid Ahmed Ghlam et Yassin Salhi, l'auteur de l'attentat contre l'usine AirProducts de Saint-Quentin Fallavier (Isère), était en contact régulier avec un membre de l'EI se trouvant en Syrie. Sa mère a signalé sa radicalisation à la DGSI, qui l'a convoqué à un entretien administratif en octobre 2014. L'étude «de son activisme sur les réseaux sociaux» a ensuite permis de mettre au jour ses connections avec les deux autres gardés à vue.

L'autre «tête pensante», Djebril A., 23 ans, est un ancien militaire du Centre national d'entraînement commando de l'armée de terre de Cap Béar, près de Collioure (Pyrénées-Orientales). Il a été réformé en 2015, vraisemblablement en raison de problèmes psychologiques. «Il était matelot à terre mais n'a pas été jugé apte à partir en mer et a été évincé. C'est peut-être l'origine de sa radicalisation», confie une source proche de l'enquête. Djebril A. s'abreuve alors de vidéos jihadistes et se renseigne sur l'achat d'armes. Il est interpellé chez sa mère à Marseille.

Aucune information n’a été révélé sur le dernier mis en cause âgé de 19 ans.

Quel était le projet d’attentat ?

Les trois suspects envisageaient l'attaque de l'ex-base militaire de Djebril A. au Cap Béar. L'idée était de tuer les sentinelles avec des armes à feu équipées de silencieux, de pénétrer à l'intérieur du site, et de filmer à la caméra GoPro la décapitation d'un sous-officier de marine. Pour ce faire, les jihadistes présumés hésitaient entre un couteau ou une hache. Quant à la date d'exécution, elle demeure floue. Ce projet aurait été planifié pour la fin de l'année, peut-être le 31 décembre, ou pour «l'anniversaire» de la tuerie de Charlie Hebdo le 7 janvier. Toutefois, la DGSI ayant intercepté récemment des discussions «préoccupantes», leurs interpellations ont été précipitées, en prévision du 14 juillet. L'action des forces de l'ordre a été permise par l'ouverture, le 23 juin, par le parquet de Paris d'une enquête préliminaire pour «associations de malfaiteurs en vue commettre des actes terroristes.» A ce stade, aucune arme n'a été saisie. Seule la caméra GoPro a été acquise par le groupe.

Une fois l’attentat réalisé, le groupe pensait gagner la Syrie en voiture. L’un des membres passait d’ailleurs son permis de conduire en ce sens.