Menu
Libération
Récit

Débris d'avion à la Réunion : «On peut estimer son trajet à partir des courants marins»

MH370, deux ans de mystèredossier
Joël Sudre, spécialiste en dynamique océanique, confirme que les données satellitaires recueillies en permanence sur l'océan Indien permettraient d'estimer la région d'où provient l'objet.
(J. Sudre / CNRS / LEGOS)
publié le 30 juillet 2015 à 12h42
(mis à jour le 30 juillet 2015 à 14h12)

Le débris d'aile d'avion retrouvé mercredi sur une plage du nord-est de la Réunion pourrait-il permettre de remonter au lieu du crash, si le lien avec le vol MH370 disparu en mars 2014 se confirmait ? A Libération, Joël Sudre, chercheur au laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales, rattaché à l'université Toulouse-III, répond qu'il «est tout à fait possible de calculer une trajectoire à partir des données sur les courants marins de surface». Compte tenu de la marge d'incertitude sur ces données, il serait selon lui «très difficile de déterminer le lieu précis du crash. Mais on pourrait au moins savoir si le débris vient plutôt du nord, de l'ouest, de l'est… et exclure des scénarios de dérivation».

Le chercheur a réalisé pour Libération une carte des courants moyens de surface sur la période allant du 8 mars 2014, jour de la disparition de l'avion de la Malaysia Airlines, jusqu'au 27 juillet dernier. Les couleurs indiquent la vitesse des courants et les flèches leur direction. Si elle ne suffit pas déterminer avec certitude la provenance de l'objet, elle pourrait permettre d'exclure certaines zones.

Connaître la flotabilité de l’objet permettrait de savoir s’il a plutôt voyagé en surface ou en profondeur et, si la première hypothèse se confirme, d’affiner le périmètre de sa zone d’origine en vue de recherches plus poussées sur place. On connaît en effet avec plus de précision le comportement des courants marins observés en surface (par les satellites) comparés à ceux en action sous l’eau (reposant pour l’essentiel sur des modèles statistiques).

Pour Joël Sudre, certains éléments plaident déjà pour le voyage en surface : le fait qu'il soit parvenu jusqu'à la plage «comme une bouteille jetée à la mer», son aspect, ainsi que les organismes vivants qui s'y sont accrochés, «typiques de ceux que l'on retrouve sur la coque des bâteaux».

Débris d’avion retrouvé à Saint-André, Réunion