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Depuis deux mois, quatre noyés par jour en France

Selon les premiers résultats d'une enquête de l'Institut de veille sanitaire, ce chiffre est en augmentation, notamment en raison des vagues de chaleur.
A Nice, le 29 juillet. (Photo Eric Gaillard. Reuters)
par Camille Malnory, (avec AFP)
publié le 30 juillet 2015 à 12h27

Près de quatre personnes en moyenne sont mortes noyées chaque jour en France depuis le 1er juin, soit 199 décès, un chiffre en augmentation en raison de la vague de chaleur, selon les résultats préliminaires d’une enquête de l’Institut de veille sanitaire (INVS) publiée mercredi.

Réalisée tous les trois ans depuis 2006 en se basant sur des données fournies par les secours (pompiers, Samu, gendarmerie, police, Croix-Rouge…), l'enquête «Noyades 2015» a permis de dénombrer 584 accidents de baignade au total entre le 1er juin et le 26 juillet, dont 199 ont abouti à un décès.

«En huit semaines, c'est infiniment trop», a commenté Bertrand Thélot, responsable de l'unité traumatismes à l'INVS, tout en rappelant que les noyades survenaient principalement par beau temps, ce qui a été le cas en juin et juillet sur la plus grande partie de la France.

Au cours de la même période en 2012, 172 décès par noyade avaient été enregistrés, soit une moyenne de 3 par jour, contre déjà 3,6 par jour cette saison, avec des pics pouvant atteindre cinq à six noyades par jour «en ce moment», a précisé l'expert de l'INVS.

Parmi les 199 décès intervenus depuis le 1er juin, 34% ont eu lieu en mer, 23% en rivière, 21% en piscine, 20% en plan d’eau et 2% dans d’autres lieux.

La difficulté de repérer une noyade

Mais pourquoi un chiffre si élevé ? En fait, il est extrêmement difficile de repérer un individu qui se noie. Les hurlements, les jambes qui battent furieusement l’eau pour s’en sortir ou encore les bras qui s’agitent pour attirer l’attention ne sont que des mythes véhiculés par la télévision et le cinéma.

«Une noyade ne ressemble pas à une noyade» titrait Slate en 2013. Le journaliste parle de l'Instinctive Drowning Response (réaction instinctive à la noyade), identifiée par Francesco Pia, un célèbre maître nageur américain. Le corps réagit instinctivement pour survivre à une situation de noyade : le système respiratoire bloque la fonction «parole» pour ne conserver que celle de la respiration, les bras se mettent en position horizontale pour permettre de surnager… Il est impossible de lutter contre ces fonctions physiologiques. L'individu ne peut plus ni crier ni lever la main. Au bout de 60 secondes maximum, l'individu commence à couler.

Il existe cependant des signes qui ne trompent pas, mais repérable que si on les connaît : le nageur a les yeux fermés, la bouche au niveau de l’eau, il n’utilise pas ses jambes. Mais avant d’en arriver là, en plus des précautions d’usage, il s’agira surtout d’ouvrir l’œil.