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Libération
Récit

Incendie de la mosquée d'Auch : «un acte volontaire et réfléchi»

A leur arrivée sur les lieux, pompiers et policiers disent avoir senti une forte odeur de carburant. Une partie de la clôture située à l'arrière du lieu de culte gersois a été arrachée.
Devant la mosquée d'Auch (Gers), tôt dimanche matin. (Photo AFP)
publié le 24 août 2015 à 19h28

L'incendie qui a détruit, dimanche à l'aube, la mosquée d'Auch (Gers) est un acte d'origine criminelle, a déclaré lundi à l'AFP le procureur de la République Pierre Aurignac, précisant s'être rendu sur les lieux dans l'après-midi pour s'informer des premiers éléments de l'expertise en cours. «C'est un acte volontaire et réfléchi», a-t-il annoncé.

Le sinistre s'est déclaré dans la nuit de samedi à dimanche. Malgré l'intervention des pompiers à 3 h 30 du matin, le feu, brutal et de grande ampleur, a ravagé la quasi-totalité du bâtiment d'une superficie de 850 m2 situé dans le quartier du Garros – un ensemble de petits immeubles HLM proche du centre-ville de la préfecture gersoise. Les premiers pompiers et les policiers arrivés sur les lieux ont dit avoir senti une odeur d'essence. Ils ont aussi constaté l'arrachage d'une partie d'un grillage donnant sur l'arrière du bâtiment. «C'est catastrophique, les salles de prières sont détruites, c'est un acte insensé. Comment peut-on s'en pendre à un lieu de culte ?» s'indigne Allal El Farassi, un chaudronnier à la retraite membre du bureau de la mosquée.

Jet de porc

Avec son petit minaret et ses murs crépis, la mosquée Salam a été inaugurée en 2007 ; certains de ses fidèles, maçons, charpentiers, couvreurs, ont même travaillé à sa construction. Avant sa création, les musulmans priaient dans une petite salle prêtée par la mairie, située en bas de l’un des immeubles de la cité du Garros. Dans les décombres, les policiers du SRPJ n’ont trouvé ni revendication, ni tags vengeurs sur les murs.

Le 26 janvier, après les attentats de Charlie Hebdo, la mosquée d'Auch avait déjà fait l'objet de jet de porc devant sa porte. Les policiers travaillent désormais sur l'hypothèse d'extrémistes de la mouvance identitaire, et se penchent sur des agités locaux qui «se sont monté le bourrichon», indique une source proche de l'enquête. Ils observent également que cet incendie criminel est survenu au lendemain de l'attaque du Thalys.

Pour Abdelatif Mellouki, porte-parole du Conseil régional du culte musulman (CRCM), cet incendie volontaire témoigne d'un «climat de plus en plus pourri». «Les gens expriment de plus en plus librement leur islamophobie. Les déclarations de certains élus locaux y contribuent. Ça conforte ceux qui passent à l'acte.» Localement, la destruction du lieu de culte suscite une indignation qui dépasse largement le cercle de la communauté musulmane.