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Libération

La Courneuve expulse son plus ancien bidonville

Les 300 habitants du Samaritain ont été délogés ce mercredi du terrain qu'elles occupaient depuis sept ans à La Courneuve. La mairie avait refusé toute solution de résorption progressive.
Au Samaritain, près de 300 personnes, dont une centaine d'enfants, habitaient le plus vieux bidonville francilien, situé à La Courneuve, en bordure de la fréquentée A86. (Photos Denis Allard.Réa)
publié le 27 août 2015 à 18h03

C’était le plus vieux bidonville d’Ile-de-France, installé dans une zone industrielle de La Courneuve depuis 2007. Ses 300 habitants ont été expulsés ce mercredi à partir de 13 heures, avant le passage des pelleteuses. L’histoire aurait pourtant pu se terminer autrement.

«Dès septembre 2014, Médecins du Monde et la fondation Abbé Pierre ont proposé de coconstruire un projet de résorption du bidonville avec l'ensemble des acteurs concernés: les représentants de l'Etat, la mairie de La Courneuve, la société civile et les habitants du Samaritain», écrivent les deux associations dans un communiqué. De fait, un projet avait été élaboré à cette fin, qui prévoyait à la fois une amélioration des conditions sanitaires du campement et l'accompagnement des familles. Il aurait pu se dérouler sur trois ans. La justice, elle, avait prévu un délai de six mois pour que la ville, qui avait demandé cette expulsion, puisse organiser une sortie.

L'histoire se termine pourtant comme celle de tous les autres campements: «Cette expulsion reflète à nouveau l'incohérence politique qqui ne fait que déplacer le problème sans chercher des solutions de fond», écrivent encore Médecins du Monde et la fondation Abbé Pierre.

La ville de La Courneuve demandait cette évacuation mais elle se defend de tout manque d'humanité. Evoquant la «détresse de ces familles Roms» dans un communiqué, Gilles Poux, le maire communiste de La Courneuve, estime que c'est d'abord sa commune qui est abandonnée par les pouvoirs publics. «Aucune réponse n'est apportée à notre ville et à ses habitants qui, depuis des années sont confrontés à une situation tout-à-fait exceptionnelle». Il réclame à ce sujet au Premier ministre «un véritable effort de solidarité équitablement réparti sur l'ensemble de la région Ile-de-France». Mais pas un mot sur le devenir des familles.

Au Samaritain, une petite communauté s'était soudée autour de son pasteur. Ces évangélistes avaient contruit une église au milieu des cabanes. Mardi, la communauté avait même reçu le soutien de l'évêque de Saint-Denis, Mgr Pascal Delannoy. Interrogé par Libération sur le Samaritain, un fonctionnaire qui a suivi pendant des années la question des campements de Roms en Seine-Saint-Denis, s'est étonné de n'avoir jamais entendu parler de celui-là. Entre une usines et voies de chemin de fer, le bidonville du Samariatin troublait peu l'ordre public. Maintenant, c'est fait.