Combien faudra-t-il de morts ? Combien faudra-t-il d’atrocités comme celle qui vient de se dérouler en Autriche, pour que les dirigeants européens se décident à se hisser à la hauteur de leur responsabilité historique ? L’apathie ou la dureté d’une partie de la classe politique européenne atteint désormais les limites du supportable. Une dirigeante, heureusement, sauve l’honneur de l’Union européenne : Angela Merkel. Ceux qui l’ont récemment affublée d’un casque à pointe en couverture de leur journal devraient avoir honte. Pas seulement parce qu’ils agitaient un cliché anti-allemand qui n’a rien à voir avec la République fédérale d’aujourd’hui, qui n’est ni militariste ni impérialiste. Mais surtout parce que la réaction de la chancelière aux drames insupportables qui se déroulent aux confins de l’Europe est une leçon d’humanité que chacun doit méditer.
Cette asymétrie dans le traitement de la crise historique par les Etats européens, entre le mur hongrois et le courage politique allemand ou scandinave, rend d’autant plus urgente l’élaboration d’un plan européen à la fois humain et réaliste. Il s’agit, pour l’essentiel, aujourd’hui, d’une affaire de réfugiés, lesquels ont droit, de par les traités internationaux, à un traitement digne. Il est possible, comme le suggère Angela Merkel par son attitude, d’ouvrir un canal d’immigration légale. Il donnera aux réprouvés chassés de leur pays par la violence un espoir qui peut limiter, à l’avenir, les risques insensés qu’ils prennent pour rejoindre un pays où ils ont une chance de refaire leur vie ou bien, dans beaucoup de cas, d’attendre dans des conditions décentes, que la situation de leur pays revienne à une relative normalité. Entre l’angélisme de l’ouverture totale et la brutalité d’une vaine fermeture, il existe une solution conforme à nos principes et aux réalités de ce nouveau siècle.